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Mais toutes les caractéristiques morphologiques ou comportementales
des êtres vivants ne peuvent pas être considérées comme adaptatives, même
si elles sont utiles d'une manière ou d'une autre, et héréditaires.
Dans ce sens, au début du 19 ème siècle, le naturaliste Jean-Baptiste de
Lamarck (1744-1829) avait introduit avant Darwin une théorie générale
précursive, selon laquelle tous les êtres vivants auraient subi au cours du
temps des transformations. D’après sa théorie, qui avait pris le nom de
transformisme, les caractères acquis pendant le développement indivi-
duel étaient potentiellement héréditaires, et l’adaptation était le résultat
des modifications morpho-physiologiques produites durant la vie des in-
dividus, à la suite de l’usage réactif modifié de tels ou tels organes et
fonctions, ce qu’ils pouvaient transmettre à leurs descendants.
Charles R. Darwin (1809-1882) a établi une formulation plus complète
de ces mécanismes évolutifs sélectifs, dans son célèbre ouvrage sur l’Origine
des espèces, publié en 1859. Darwin y a expliqué l’adaptation et la formation
de nouvelles espèces par sa propre théorie de la sélection naturelle, selon
laquelle les individus les plus doués et les plus efficaces d’une population
contribuaient plus que les autres à la génération de la descendance, tandis
que d'autres individus y contribuaient moins, ou pas du tout. Puisque les
caractéristiques de la descendance reflètent celles des parents, les caractères
des parents qui génèrent le plus de descendance deviennent de plus en plus
fréquents dans les générations suivantes, et la composition génétique de la
population se modifie avec le temps. Jusqu’au début du 20 siècle, il y a
ème
eu différentes tentatives pour réfuter ces théories, et une réticence à accep-
ter la théorie de la sélection naturelle.
Celle-ci a pris néanmoins un ascendant important à partir des années
1920, grâce notamment à la redécouverte des expériences de Gregor Men-
del, initiateur de la génétique, et grâce aux développements des études bio-
métriques. C’est en effet grâce à la réconciliation entre les théories mendé-
liennes et l’étude de la variabilité statistique des caractères chez des popula-
tions naturelles que l’on est parvenu à une synthèse modernisée de la théorie
de l’évolution, appelée néodarwinienne, ou théorie synthétique de l’évolu-
tion. Les principaux acteurs liés à cette phase ont été le mathématicien
anglais Ronald A. Fisher (1890-1962), le généticien John B. S. Haldane
(1892-1964) et le mathématicien américain Sewall Wright (1889-1988),
lesquels, au début des années 1930, publièrent les fondements d’une dis-
cipline appelée génétique des populations, qui corroborait les lois de la
génétique de Mendel, avec une référence à la variabilité que l’on observait
dans diverses populations naturelles.
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