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La première raison est que l’adaptation évolutive du vivant est gra-
duelle, et qu'elle prend son temps et ses formes. La grande variété de la
coloration des plumes d’oiseaux ou l’étrangeté de la forme de certains
poissons, tout comme le ronronnement du chat, sont autant de phéno-
mènes qui acquièrent, dans une analyse d'adaptation évolutive, une signi-
fication qui va au-delà des simples aspects pratiques immédiats. Beau-
coup de caractéristiques d’un organisme, comme sa forme, sa couleur,
son comportement, peuvent être mises en relation entre elles et avec
celles d’autres organismes, et peuvent être interprétées de façon à en dé-
couvrir la valeur adaptative successive, et à y retrouver des signes d’adap-
tations antérieures. Tout cela s'analyse sur de longues périodes.
Lorsque cette progressivité évolutive est bien comprise, la théorie évolu-
tive peut avoir un rôle central dans presque tous les domaines de la biologie.
Comme le disait Theodosius Dobzhansky (1900-1975), l’un des principaux
évolutionnistes du 20 siècle, "rien n’a de sens en biologie, sinon à la lu-
ème
mière de l’évolution". Et l'évolution implique une notion de changement
adaptatif graduel, qui peut concerner l’aspect extérieur, ou la physiologie, ou
le comportement d’un organisme, et son patrimoine héréditaire transmis-
sible de génération en génération. Par contre, n'importe quel changement ne
produit pas nécessairement d’évolution. Un organisme peut changer de
forme durant sa croissance, mais dans ce cas il n’évolue pas au sens darwi-
nien, où les phénomènes évolutifs n’impliquent pas seulement l’organisme
en temps réel, mais aussi le sort de sa descendance.
Selon quelles nécessités un organisme évolue-t-il ? Les principaux fac-
teurs d’évolution sont à la fois le changement des conditions du milieu au
cours du temps, la variation génétique fortuite, et l’adaptation à ces condi-
tions. Mais l’évolution biologique naturelle ayant une direction imprévisible
et sans finalité certaine, la notion de progrès est d'autant moins pertinente
dans les travaux de biologie évolutionniste. La grande diversité des espèces
vivantes est le fruit d’interactions par lesquelles, à partir d’un même ancêtre
commun, se sont produites des ramifications, des bifurcations, des impasses
et des modifications, notamment par des symbioses micro-organites. Et ce
sont ces changements et ces bifurcations adaptatives des organismes, sans
déterminisme, qui sont principalement analysés par la science de l’évolution.
Là, un facteur fondamental de survie semble résider dans les capacités
réactives adaptatives des organismes, ce qui leur permet d’une manière
ou d’une autre de réagir aussi efficacement que possible, lorsqu’ils subis-
sent une variation des conditions de leur milieu. Les exemples d’adapta-
tion réactive que l’on peut trouver dans la nature sont nombreux.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 97