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Car le fait de considérer l’Homme comme un descendant mutant
d’ancêtres animaux peut aider à comprendre certains de ses comporte-
ments, et à mettre en lumière certains de ses aspects réactifs apparem-
ment excessifs. Mais ces comportements sont le plus souvent des com-
promis adaptatifs entre des qualités génétiquement héritées des parents,
même lointains, et des influences du milieu local et social présent.
Physiologiquement, le cortex cérébral, la partie du cerveau qui s’est dé-
veloppée à l’époque évolutive la plus récente, gère désormais nos capacités
intellectuelles, mobilisant la logique, la résolution de problèmes complexes,
les décisions et les choix de notre esprit. D’autres parties cérébrales, plus
anciennes, situées sous le cortex, poussent l’Homme à se comporter de
façon inconsciemment réactive, mais encore pertinente pour son adapta-
tion. L’équilibre mental humain dépend de sa flexibilité dans l’intégration
des stimuli provenant de ces zones différentes du cerveau, et une cause de
nombreux troubles psychiques relève de l’altération de cette coordination
nécessaire, qui détermine plusieurs pathologies psychosociales.
Heureusement, c'est devenu culturellement et médicalement gérable.
L'efficience du cerveau humain résultant de son adaptation aux conditions
du milieu, l'esprit humain peut renforcer cette adaptation malgré la varia-
bilité génétique du vivant, en comprenant que l’espèce et le milieu sont des
entités complexes interdépendantes, mais dont les dynamiques ne sont pas
toujours prévisibles. L’esprit humain peut en déduire que rien n’étant cons-
tant et sûr dans le temps, les corrections adaptatives doivent toujours être
considérées comme temporaires, quelle que soit leur utilité au présent.
Notre organisme peut ainsi développer des réactions correctives conscien-
tisées, au fur et à mesure de son évolution, ce que notre science explique
de mieux en mieux. Nous pouvons expliquer la nausée et les vomissements
chez les femmes enceintes comme des réactions adaptatives, lorsqu'elles
conduisent à éviter des substances qui peuvent, d’une façon ou d’une autre,
être dangereuses pour le fœtus. Et notre dégoût pour certains plats peut
s’expliquer par le fait qu’ils contiennent des substances que notre orga-
nisme considère comme dommageables.
Mais toutes les corrections adaptatives ne sont pas effectives à l'échelle
d'une seule génération. Par exemple, la sélection naturelle n’a pas encore (ou
pas assez) éliminé les gènes qui permettent le dépôt de cholestérol dans les
veines, ce qui entraîne des maladies cardio-vasculaires, parfois mortelles.
Nous sommes gourmands d’aliments souvent nocifs (gras et sucrés) alors
que nous négligeons des légumes et des féculents. Nous mangeons souvent
trop même quand nous savons que nous sommes devenus trop gros.
96 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL