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Les travaux du généticien japonais Motoo Kimura ont toutefois rappelé
le rôle du hasard dans le changement évolutif, aussi bien au niveau protéique
que, par la suite, au niveau de l’ADN, ceci démontrant que la plupart des
changements évolutifs des séquences d’ADN étaient neutres par rapport à
l’évolution (selon la théorie dite neutraliste). Et du côté de la paléontologie,
les américains Niels Eldredge, Stephen J. Gould et S. M. Stanley ont pro-
posé, à l’issue d’une étude approfondie de la macroévolution de fossiles,
une théorie dite des équilibres ponctués, selon laquelle l’évolution des es-
pèces n’était pas graduelle, mais suivait une alternance de longues périodes
de stagnation, et de courtes mais intenses périodes de changement évolutif.
Pourtant, malgré la grande quantité d’études et de confirmations pu-
bliées, quelques théoriciens ont continué à ignorer, voire à nier, la théorie
darwinienne de l’évolution. Le cas le plus connu est celui du mouvement
créationniste, qui a nié l’existence d'une telle évolution en proposant en al-
ternative un ersatz pseudo-scientifique. Ce mouvement a été si remuant (plus
politiquement que scientifiquement) que certains évolutionnistes célèbres
(S.J. Gould, paléontologiste à Harvard, D. Futuyima, biologiste évolution-
niste à l’université de l’Etat de New York, et R. Dawkins, professeur de zoo-
logie à l’Université de Cambridge) ont été amenés à écrire des articles et des
volumes entiers pour expliquer et pour défendre l’évolution darwinienne.
En fait, cette théorie de l’évolution était considérée par ses opposants les
plus rétrogrades comme culturellement inacceptable, pas tant du fait de ses
implications biologiques, mais en raison de la place à laquelle l’Homme était
ramené, révélant des contradictions philosophico-religieuses où certains dé-
tracteurs bornés maintenaient que la Terre était (bibliquement) plate.
C’est pourquoi, même si l’évolution a été scientifiquement admise
comme un fait avéré et probant, il a longtemps été nécessaire de préser-
ver cela de fortes réactions d’ignorance et de mauvaise foi. Heureuse-
ment, des preuves de l’évolution ont pu être constatées partout, de ma-
nière récurrente, et certains phénomènes ont même pu être observés
dans un intervalle de temps compatible avec la durée de la vie humaine.
Un phénomène significatif a été par exemple celui du Biston betularia,
un papillon de nuit dont la forme sombre (mélanique) constituait, en
1848, seulement 1 % de la population totale, dans une zone près de Man-
chester (UK), tandis que, après l’industrialisation britannique, en 1898,
elle en constituait 99 %. Cette forme de mélanisme adaptatif était cons-
tatée aussi dans la plupart des pays industrialisés et représentait un bon
cas pédagogique de processus de sélection naturelle.
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