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Ce type de ressemblance était appelé faute de mieux par les morpho-
logistes, avant Darwin, le "plan de la nature", une définition plutôt mys-
tique, et dépourvue de fondement scientifique. L’explication scientifique
formulée à la lumière de la théorie de l’évolution a été plus simple et plus
logique : le membre compte cinq doigts parce que les amphibiens, les
reptiles, les oiseaux, et les mammifères, descendent tous d’un ancêtre
commun, lui aussi pentadactyle. Ce type de ressemblance, dû à l’existence
d’un ancêtre commun, est appelé homologie. Et on peut trouver des ho-
mologies à tous les niveaux de l’organisation de la vie, depuis les
membres locomoteurs jusqu’aux molécules, et aux séquences d’ADN.
Ce sont souvent les homologies entre les espèces vivantes et les espèces
fossiles qui ont montré de façon irréfutable que les unes et les autres se sont
formées à partir d’un ancêtre commun. Certaines de ces homologies sont
immédiatement convaincantes. Les baleines, bien qu’elles n’aient pas de
membres postérieurs, ont, même sous une forme réduite, un fémur et des
os du bassin, comme d’ailleurs les boas et les pythons. Ces structures sont
dites vestigiales, et dans le cas des baleines et de certains serpents, cela sug-
gère qu’ils descendent d’animaux à quatre pattes. La faune des cavernes
obscures présente généralement des yeux diminués voire absents, c’est-à-
dire des formes vestigiales d’yeux, autrefois fonctionnels chez leurs ancêtres
qui vivaient à l’extérieur en pleine lumière, mais qui en ont perdu l’utilité.
L’Homme présente un appendice de son intestin qui servait proba-
blement à ses lointains ancêtres de cavité digestive annexe. Aujourd’hui,
cet appendice n’a apparemment plus de fonction particulière, et il s’in-
fecte même parfois, provoquant une appendicite, et rendant nécessaire
son ablation. Toutes les structures vestigiales ne sont cependant pas pri-
vées de fonction. Il semble que chez une baleine fossile remontant à 40
millions d’années, les os du bassin servaient de support durant l’accou-
plement. Et beaucoup d’autres exemples confirment que la nature est
prodigue en variations adaptatives. L’aiguillon des guêpes est une modi-
fication de l’organe utilisé chez d’autres insectes pour pondre leurs œufs
(c’est la raison pour laquelle seules les femelles piquent).
Le sabot du cheval se développe par suite d’un ralentissement de la
croissance des doigts latéraux et d’une accélération de celle du doigt
moyen. La structure portante des ailes d’une chauve-souris est obtenue
par un développement exceptionnel des doigts du membre antérieur. Les
ailes d’une raie Manta ne sont que des nageoires pectorales très dévelop-
pées. Les évents des Cétacés sont des narines qui se sont déplacées vers
un endroit plus efficace pour la respiration en émersion.
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