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Qu’était-il arrivé aux papillons de Manchester ? À cause du noircisse-
ment des arbres, dû à la suie rejetée par des usines toujours plus nom-
breuses, sur les arbres où ils se posaient, les individus les plus clairs de ces
insectes devenaient plus visibles aux yeux de leurs prédateurs (les oiseaux)
et, par conséquent, plus faciles à capturer, tandis que les individus plus
foncés étaient moins chassés. Ainsi, au fil des générations, les formes
sombres se sont mieux préservées et reproduites, et sont devenues les plus
fréquentes. Cet exemple démontre que, bien que l’évolution soit un pro-
cessus généralement lent, elle peut être constatée aussi à plus court terme.
D'autres changements évolutifs visibles pouvaient en outre être à la fois
produits artificiellement et observés à court terme. Une sélection artificielle
opérée par l’Homme produisait déjà des variétés de plantes cultivées four-
nissant des récoltes de plus en plus abondantes, des poules qui pondaient
plus d’œufs, des vaches qui produisaient plus de lait, une grande variété de
races de chiens et de chats, tout cela par la sélection de caractéristiques
particulières d’une génération à l’autre. Les résultats de cette sélection pro-
voquée apportaient eux aussi la preuve que les espèces pouvaient subir des
changements évolutifs dans des délais relativement courts.
Par contre, certains changements anciens et à long terme restaient
plus difficiles à interpréter. Si l’on observe dans la nature des espèces
différentes les unes des autres, leur différence apparente n’implique pas
l’absence d’une certaine gradation préalable, dans une variation passée,
mais qui n’est plus observable. Inversement, deux espèces distinctes, si
elles sont observées dans des zones géographiques particulières, peuvent
apparaître comme de simples nuances l’une de l’autre, au point de faire
douter qu’il s’agisse véritablement de deux espèces différentes, et non pas
d’une seule espèce variable selon la localité.
La plupart du temps, on ne peut donc observer que le résultat d'un pro-
cessus évolutif long, mais pas ses phases intermédiaires, malgré quelques ex-
ceptions, comme pour l’Archæoptéryx, dont le fossile témoigne de l’évolu-
tion des oiseaux à partir des reptiles, et qui présente des caractères reptiliens
mêlés à ceux des oiseaux. Malheureusement, des découvertes comme celle-
ci ne sont pas fréquentes, et souvent il manque des maillons intermédiaires
qui permettraient la reconstruction complète d’une chaîne évolutive. Pour-
tant, avec ténacité, la recherche scientifique a avancé et a accumulé patiem-
ment des preuves. De longues continuités de séries fossiles, comme celles de
certaines diatomées (algues unicellulaires dotées d’une coquille) ont notam-
ment pu contribuer à mieux démontrer leurs phénomènes d’évolution.
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