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En poursuivant ce raisonnement, si la variabilité est l’un des facteurs
          évolutifs les plus importants chez les êtres vivants, on peut se demander
          quelle est son origine. Et là, nous remarquons d’abord que l’union des deux
          différents bagages chromosomiques au cours de la reproduction sexuée est
          déjà source de variabilité. Chez les animaux, un brassage génétique peut
          contribuer à augmenter la variabilité, même quand il résulte d’accouple-
          ments entre des individus appartenant à des populations de la même es-
          pèce, mais provenant de parties éloignées de leur aire de distribution.
             En outre, la dynamique essentielle de la variabilité est alimentée par des
          mutations,  dont  certaines  peuvent  être  dues  à  des  erreurs  de  copie  de
          l’ADN durant la phase de réplication, erreurs qui peuvent impliquer un gène
          unique, ou des chromosomes entiers. Lorsque de telles mutations sont pro-
          duites artificiellement, elles sont souvent fatales à leur porteur, mais pour
          les scientifiques, elles représentent une source de variabilité utile.
             Car la plupart des processus naturels sont longs et aléatoires, et la néces-
          sité d’adaptation d’une espèce à un milieu particulier ne déclenche pas auto-
          matiquement la production de mutations prédéterminées. Les mutations
          sont fortuites par rapport à la direction de l’adaptation. La mutation qui
          permet à la girafe d’avoir un cou légèrement plus long que celui de ses pré-
          décesseurs ne s’est pas faite parce qu’un cou plus long est nécessaire pour
          atteindre des branches plus hautes. La mutation a lieu, et s’il en a résulté un
          avantage, elle s’est perpétuée, la sélection naturelle favorisant simplement
          les individus qui présentent des mutations suffisamment avantageuses.
             Dans des populations étendues et nombreuses, la variabilité et la sé-
          lection naturelle sont les principaux facteurs qui permettent d’expliquer
          les changements adaptatifs. Mais dans une population plus petite et iso-
          lée, telle qu’une population insulaire, il peut arriver que, d’une génération
          à l’autre, on perde fortuitement une certaine quantité de variabilité géné-
          tique. La population étant trop réduite, les individus matures du point de
          vue reproductif peuvent alors être porteurs de tous les caractères de la po-
          pulation. S’il existe des caractères héréditaires plus fréquents par rapport à
          d’autres, il est probable que, toujours par effet du hasard, ces caractères ten-
          dent à être les seuls présents dans les générations descendantes.
             Et pour cette raison, cette population isolée pourra tendre à devenir une
          race géographique, voire une espèce, plus ou moins fragilisée, et aléatoire-
          ment mutante. Ce phénomène, appelé dérive génétique, peut contribuer
          aussi, à côté de la sélection naturelle, au changement évolutif permanent qui
          produit la multiplication ou la régression des organismes sur Terre.



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