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Jusqu’à présent, la nature a plutôt bien géré tout cela. Et les formes de
               vie existantes ont entretenu assez de diversité et de variabilité pour que
               presque tous les organismes ayant survécu aux catastrophes passées aient
               gardé une capacité de s’adapter de manière assez réactive au milieu dans
               lequel ils vivent, en développant des structures et des fonctions appropriées
               et spécialisées, qui favorisent et qui garantissent leur survie dans leur biome.
                 Heureusement pour eux, car ils doivent nécessairement continuer en
               permanence à surmonter les problèmes générés par leur milieu de vie.
               Outre les phénomènes d'intra-mutation, puis de concurrence, dans leur
               propre espèce, et contre d’autres espèces, ils doivent surmonter des va-
               riations de température, des agressions par des prédateurs, des infections
               parasitaires, des carences de nourriture, etc. Au cours des générations, la
               sélection naturelle, en optimisant la variabilité héréditaire dans les popu-
               lations, a privilégié les meilleures adaptations à ces phénomènes récur-
               rents, et au développement corrélatif des espèces qui en ont profité.
                 En tenant compte de cela, la théorie de l’évolution s’est construite selon
               trois facteurs liés : la présence d’une variabilité entre les différents orga-
               nismes, l’hérédité sélective de cette variation, et le fait que des variantes
               contribuent de façon utile à maintenir une quantité suffisante de descen-
               dants mieux adaptés. Le processus d’adaptation n’étant pas assez distingué
               dans sa première formulation, Darwin l’introduisit comme quatrième con-
               dition, soutenant que les caractères qui augmentaient la probabilité de sur-
               vie et de succès reproducteur d’un individu avaient également une plus
               grande probabilité d’être valorisés dans les générations suivantes.

                 Cette course-poursuite entre les adaptations nécessaires et les condi-
               tions ambiantes changeantes est un mécanisme naturel qui offre de remar-
               quables thèmes d’étude et d’observation, et qui peut aider à expliquer pour-
               quoi certaines espèces, apparues au cours de l’histoire de la Terre, se sont
               ensuite éteintes, ainsi que cela ressort des recherches et des investigations,
               notamment fossiles, de l’évolution des animaux et des plantes.

                 Mais peut-on affirmer pour autant que la théorie de la sélection natu-
               relle explique toutes les adaptations et les disparitions connues ?  En fait,
               même si l’adaptation est un phénomène utile à tous les êtres vivants, il
               existe toujours des caractéristiques qui ne semblent pas être adaptatives, et
               qui,  par  là,  ne  peuvent  pas  être  attribuées  à  la  sélection  naturelle.  Par
               exemple, il semble difficile de trouver un sens adaptatif aux mamelons
               mâles, chez l’Homme, alors qu’ils ne constituent que des attributs secon-
               daires dans le développement des organes sexuels.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      107
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