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Du 19 siècle à nos jours, des partisans d’une discrimination à l’égard de
ème
tout type de divergence à leur propre modèle ont même tenté d'imposer des
arguments scientifiques biaisés pour étayer leurs théories et leurs préjugés.
Ces préjugés, souvent nés de l’ignorance, ont alimenté des comporte-
ments d’exclusion et de suprématie dans certaines sociétés, et une partie
du monde scientifique a parfois admis de tels comportements. Au point
de laisser craindre qu’avec le progrès rapide des manipulations géné-
tiques, un danger puisse résulter du fait que certains bio-techniciens par-
tisans sachent modifier suffisamment le patrimoine génétique d’individus
sélectionnés d’une race ou d’un groupe social, pour que leurs descendants
ne puissent plus se reproduire avec d’autres. Le prétexte de survie du plus
adapté, emprunté au contexte darwinien, peut alors être utilisé abusive-
ment pour légitimer la pauvreté des couches sociales les plus faibles, et la
supériorité des plus aisées, ceci jusqu’à justifier le colonialisme et l’impéria-
lisme comme des conséquences inévitables de la suprématie ethno-cultu-
relle d’une pseudo-élite particulière. Il n’y a pourtant rien de biologique-
ment probant, ni de scientifiquement correct, dans ces préjugés.
Mais de tels éléments empruntés à la théorie évolutive ont tout de
même été temporairement appliqués à la criminologie. Cesare Lombroso
(1835-1909), un médecin italien de la deuxième moitié du 19 ème siècle, avait
tenté d’établir une relation entre la physionomie des délinquants et celle
des singes, affirmant qu’un criminel l’était dès la naissance. Lombroso es-
sayait de démontrer une hypothétique tendance au crime chez certains ani-
maux pour justifier sa propre approche de la criminologie humaine.
L’équation animalité = criminalité fut portée à des conséquences ridi-
cules, lorsque Lombroso parvint à postuler une ressemblance significa-
tive entre l’asymétrie du visage de certains criminels et celle des soles,
dont les deux yeux avaient migré sur un seul côté du corps, ou bien en
établissant que les prostituées avaient une tendance à avoir des pieds pré-
hensiles comme ceux des singes. La pensée de Lombroso fut pourtant
expérimentée, et son influence a sévi pendant de nombreuses années
dans des cercles pénaux. Jusqu’à la fin du 20 ème siècle, le comportement
criminel a encore parfois été rapproché de certaines caractéristiques aber-
rantes, et la mauvaise foi y était pernicieuse lorsqu’elle utilisait des études
génétiques pour tenter de démontrer des hypothèses fallacieuses, ou-
bliant l’importance que revêtait aussi le milieu social dans la formation
des tendances criminelles. Mais la plupart des criminologues évitaient
d’attribuer systématiquement le comportement violent de personnes dé-
séquilibrées à des caractéristiques physiques ou génétiques irrémédiables.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 95