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La deuxième est que, dès que les conditions biochimiques existaient,
le démarrage de la vie était un événement difficilement évitable. En allant
plus loin, si l’on considère qu’il y a au-moins 200 milliards d’étoiles dans
la Voie lactée, et que celle-ci n’est que l’une des centaines de milliards de
galaxies de l’univers, il existe de grandes possibilités que des formes de
vie cellulaire semblables aux nôtres aient pu se former aussi ailleurs.
Toutefois, l’existence de plantes et d’animaux tels que ceux qui vivent
sur la Terre, et a fortiori dotés d’intelligence, est théoriquement moins
probable ailleurs, puisque l’évolution biologique dont ils sont issus n’est
pas un processus déterministe, mais un processus fortement dépendant
d’une chaîne de faits locaux imprévisibles. Autrement dit, c’est un pro-
cessus qui ne se répète probablement jamais deux fois de la même façon.
De plus, même si les modalités selon lesquelles les organismes se sont
différenciés, en devenant de plus en plus complexes, sont assez bien expli-
quées par la théorie de l’évolution biologique, par contre, l’origine de la vie,
c’est-à-dire des premiers organismes en mesure d’évoluer, reste encore par-
tiellement hypothétique. Dans l’état actuel des connaissances, créer même
le plus simple organisme vivant en mesure de se reproduire équivaut plus
ou moins, en termes de probabilité, à agiter un grand récipient dans lequel
on aurait mis toutes les pièces qui composent une automobile, pour qu’à
un certain moment il sorte du récipient une automobile fonctionnelle.
Pour répondre à cela, un chercheur a particulièrement expérimenté
les conditions qui auraient pu avoir rendu le plus probable la naissance
de la vie sur la Terre. Il s’agit de Stuart Kauffman, un logicien et biolo-
giste américain, qui a traité ce problème de façon statistiquement appro-
fondie, en essayant de découvrir comment se comporterait un réseau
complexe de bio-unités, dont chacune influencerait le comportement des
autres. L’ensemble des réactions chimiques du métabolisme, ou du sys-
tème interactif des gènes, sont des exemples de réseaux de ce type.
Or, jusqu’à quel point pouvait-on raisonner de manière fiable ? Si les
mathématiques pouvaient déjà difficilement prévoir le comportement
d’un système avec cinq variables, les biologistes pouvaient-ils décrire le
fonctionnement d’un génome humain composé de milliers de gènes ?
Le premier problème, pour Kauffman, a donc été de comprendre dans
quelle mesure le comportement d’un système dépendait des variables de ses
constituants. Son projet impliquait ensuite de vérifier comment un système
complexe était en mesure de s’auto-organiser, pour créer une structure et un
comportement assez cohérents et stables pour se développer durablement.
90 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL