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Outre les biologistes, des géophysiciens ont cherché eux-aussi à éva-
luer cette idée d’évolution lente, graduelle et tranquille. Car au cours du
premier milliard d’années de vie de la Terre, au terme duquel il existait
déjà des organismes complexes et perfectionnés comme les cyanobacté-
ries, notre planète n’avait pas été tranquille. Au contraire, il y a 3,8 mil-
liards d’années, la Terre était encore soumise à un bombardement intense
d’astéroïdes et de comètes, résidus du Système solaire primitif.
Les signes de ces anciens impacts ont été effacés par l’érosion et par la
tectonique des continents, mais ils sont encore visibles sur la Lune. Pen-
dant cette période, notre satellite fut frappé par au moins deux astéroïdes
de plus de 100 kilomètres de diamètre. Selon un calcul fondé sur la plus
grande surface et la plus grande attraction gravitationnelle de notre planète,
la Terre devait avoir été frappée une trentaine de fois par des corps célestes
de cette dimension. Les impacts avec des objets de moindres dimensions
se calculent quant à eux par centaines. Les conséquences des impacts avec
les astéroïdes n’ont été étudiées qu'à la suite de l’hypothèse avancée par le
géologue Walter Alvarez en 1981 selon laquelle l’extinction des dinosaures,
et avec eux de 75 % des formes de vie existant sur Terre il y a 66 millions
d’années (extinction du Crétacé), serait due à un impact d’astéroïde de 10
kilomètres de diamètre environ.
Selon les modèles informatisés, l’impact avec un astéroïde d’un dia-
mètre de 100 kilomètres, en plus de laisser un trou de 1.500 kilomètres
de diamètre, aurait soulevé un gigantesque nuage de roche vaporisée à
une température d’environ 2.000 °C, ce qui aurait vaporisé à leur tour les
couches superficielles des océans, remplissant l’atmosphère de vapeur
d’eau. Ce gaz, doué d’un fort effet de serre, aurait porté la température
de l’atmosphère à plus de 1.000 °C, laquelle n’aurait commencé à baisser
assez pour déclencher les premières pluies qu’après 2.000 ou 3.000 ans.
Des impacts de ces dimensions, mais probablement aussi des impacts
bien plus fréquents avec des corps de moindres dimensions, auraient sté-
rilisé plusieurs fois le petit étang matriciel existant sur la Terre. En
d’autres termes, les formes de vie déjà existantes auraient été détruites.
La vie pourrait donc avoir tenté plusieurs fois de se développer sur
notre planète, ou bien elle pourrait n’avoir essayé de le faire qu’à la fin de
la période de bombardement cosmique, mais dans tous les cas, tout a dû
se passer plus rapidement que nous l’avions pensé dans un premier
temps. Il est probable, en d’autres termes, que l’on soit passé des pre-
mières protéines ou des premiers acides nucléiques aux cellules, pendant
une période de quelques millions d’années seulement.
88 Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI Marc CARL