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Mais une autre hypothèse peut être, elle aussi, prise en considération.
Elle dit que, tandis que la surface terrestre était soumise à un bombarde-
ment d’astéroïdes, la vie aurait pu se maintenir dans un endroit plus tran-
quille : les profondeurs océanes. Plusieurs chercheurs, stimulés par les
hypothèses formulées par le microbiologiste américain Norman Pace,
ont effectivement pensé que les premières formes de vie s’étaient peut-
être abritées dans des sources hydrothermales océaniques. Découvertes
en 1977 par un sous-marin de recherche au large des îles Galapagos, dans
l’océan Pacifique, ces sources se forment à proximité des fractures de la
croûte terrestre pleines de magma incandescent. L’eau de l’océan y pé-
nètre et, quand elle arrive à ébullition, elle en ressort chargée de sels mi-
néraux de toute nature, comme cela se passe dans un geyser.
Autour de ces sources vivent de riches colonies de bactéries thermo-
philes (qui aiment la chaleur), capables d’utiliser pour leur subsistance les
sels minéraux portés par les eaux chaudes. Ces bactéries forment à leur
tour la base d’une chaîne alimentaire qui nourrit un grand nombre d’or-
ganismes, parmi lesquels des mollusques, des vers géants, des homards
aveugles, etc. La croûte terrestre primitive devait être encore assez mince
pour que des sources de ce type aient existé çà et là dans les océans.
Le microbiologiste américain Carl Woese a fourni une confirmation in-
téressante de cette hypothèse. Il savait que tous les organismes s’étaient for-
més à partir du même type d’ancêtre, puisque tous, des bactéries à
l’Homme, partagent le même modèle de code génétique. Woese a étudié les
rapports de parenté qui se situent aux racines de l’arbre du vivant, surtout
chez les bactéries. Comparant le patrimoine génétique des différents types
de bactéries, il a conclu que les formes les plus anciennes étaient précisé-
ment celles qui vivaient dans les sources hydrothermales et dans les geysers.
Si elle n’est pas née dans un petit étang chaud, la vie pourrait donc être
née (et avoir été protégée) dans un autocuiseur bouillant sous-marin. Ce-
pendant, le fait qu'une vie ait pu être protégée du bombardement météo-
rique par de fortes épaisseurs océanes n’exclut pas la possibilité qu’elle se
soit formée auparavant plus en surface, et que les abîmes n’aient été pour
elle qu’un de ses refuges, dont elle a pu ré-émerger plus tard.
Mais dans un cas comme dans l'autre, la plupart des scientifiques ont
été convaincus que l’origine de la vie avait résulté de processus chi-
miques, donc déterministes, ce qui aurait deux conséquences. La pre-
mière est qu’il s’agirait d’un processus relativement rapide, puisque cer-
taines estimations évoquent un délai d’environ 10 millions d’années.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 89