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Ses disciples Anaximandre (610-546 avJC) et Anaximène (585-525 avJC)
cherchèrent de leur côté la cause du tonnerre et de la foudre. Pour eux, le
tonnerre pouvait être généré par la collision de masses d’air, dont le frotte-
ment produisait la foudre. Exception faite de cette explication étrange mais
suggestive, qui aurait nécessité l’existence dans l’atmosphère d’une espèce de
combustible pour éclairs, Anaximandre interpréta correctement le vent
comme un flux d’air, tandis que son co-disciple Anaximène parvint à com-
prendre que l’air chaud était dilaté et raréfié, et que l’air froid était plus dense.
Pas à pas, leurs savoirs s’affinaient. Au siècle suivant, Anaxagore (500-
428 avJC) chercha une solution au problème de la grêle estivale, apparem-
ment paradoxale puisqu’on considérait qu’en saison estivale la glace ne pou-
vait pas se former. Une affirmation moins gratuite qu’il ne semble, si l’on
pense qu’elle se basait sur l’observation du climat grec en été. En cherchant
une solution au problème de la grêle, Anaxagore établissait une relation qui
liait la température et l’altitude dans l’atmosphère. Pour Anaxagore, la tem-
pérature diminuait quand l’altitude augmentait, parce que la quantité du
rayonnement solaire réfléchie par la surface de la Terre diminuait.
Cette diminution ne continuait que jusqu’à une certaine altitude, parce
qu’au-delà d’un certain point, la température commençait à remonter,
jusqu’à devenir suffisamment chaude pour permettre la combustion de la
substance inconnue qui produisait les éclairs et le tonnerre. Ainsi, se fondant
probablement sur l’expérience d’une ascension en montagne qui lui révéla
la diminution de température, mais devant également donner une explica-
tion du tonnerre et de la foudre dans le cadre du contexte culturel de son
époque, Anaxagore parvint à une description plutôt réaliste de la structure
verticale de la température atmosphérique, même si sa théorie était erronée.
Démocrite (460-370 avJC) traita à son tour le phénomène des crues du
Nil, en formulant une théorie intéressante mais complexe qui combinait
les vents étésiens et la couverture neigeuse du nord de la Grèce, considéré
alors comme l’extrême-nord du monde. Selon Démocrite, la fonte des
neiges au printemps provoquait une formation exceptionnelle de nuages
qui, transportés par les vents étésiens vers l’Égypte, finissaient par provo-
quer les pluies et les orages responsables des crues. Bien que d’un point de
vue moderne cette théorie ne soit pas fondée, il est intéressant de remar-
quer qu’elle exprimait pour la première fois une notion de transport, avec
une dimension plus élargie des phénomènes météorologiques.
Mais le premier véritable traité antique de météorologie connu est
plutôt celui d’Aristote (384-322 avJC).
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