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Ces travaux de Stommel étaient typiques du développement de l’océa-
               nographie scientifique d'alors, et dans les années 1950 d’autres progrès im-
               portants conduisirent à l’introduction de théories explicatives de la ther-
               mocline. Mais malgré des avancées significatives dues à ces analyses, les
               méthodes analytiques théoriques ne pouvaient pas encore décrire suffisam-
               ment le comportement complexe de l’océan, même s’il était plus aisé à
               analyser que celui de l’atmosphère. Les forces en présence y étaient moins
               intenses et les échelles temporelles plus étendues, mais il fallait davantage
               de capteurs, et de puissance de calcul, pour valider de nouveaux modèles.
                 Bien que des équations aient pu déjà donner des tendances utiles, ce
               problème n’a donc pu être vraiment résolu que grâce à la puissance de calcul
               des ordinateurs des années 1980, qui ont pu exploiter la modélisation glo-
               bale de l’océan précédemment commencée à Princeton par Kirk Bryan dans
               les années 1960. Dès lors, les premières simulations mettaient en lumière
               une vaste série de phénomènes, presque tous requérant plus de vérification
               et d’analyse, mais les premières tendances étaient prometteuses.
                 Ces progrès ont été d'autant plus notables qu'ils étaient dopés par des
               capteurs et des ordinateurs de plus en plus performants. Des modèles océa-
               niques ont été couplés à des modèles atmosphériques par Kirk Bryan et Suki
               Manabe, tandis que de nouvelles simulations climatiques étaient testées. Ces
               simulations ont été appliquées sur des périodes de milliers d’années, de ma-
               nière à vérifier notamment les théories concernant la stratification de l’océan,
               ainsi que la circulation générale et la circulation profonde de ses eaux.
                 Même les anciens rapports du premier Meteor, relatifs au système de
               courants dans l’océan Atlantique, ont été ré-analysés et validés avec ces
               moyens,  et  des simulations ultérieures ont  confirmé l’importance  de la
               morphologie du fond pour la détermination des grands courants abyssaux.
               Par la suite, ont été développés des modèles de simulation des glaces ma-
               rines, associés eux aussi à des modèles océaniques et atmosphériques.
                 Au milieu des années 1980, des modèles de simulation des courants équa-
               toriaux ont été appliqués avec succès à l'étude d’El Niño. Et George Philan-
               der, de l’Université de Princeton, a démontré comment un modèle océa-
               nique, bien associé aux mesures des vents et des températures atmosphé-
               riques, était en mesure de reproduire le comportement variable des océans
               pendant de nombreuses années. C’était d’autant plus utile que les meilleurs
               moyens pour faire des prévisions saisonnières au niveau planétaire dépen-
               daient de la capacité à construire un système précis de prévisions océaniques,
               tenant compte du rôle régulateur climatique majeur de la masse océanique.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      59
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