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Ils ne se découragèrent pourtant pas, et les échantillons suivants leur
          donnèrent raison. Presque tous révélèrent une grande quantité de créatures
          vivantes de tous types, et bientôt Thomson put affirmer avec satisfaction
          que la vie marine n’avait pas de limites de profondeur. Les échantillons
          recueillis par le Challenger furent transmis à des savants de différents pays,
          qui produisirent des rapports et des traités sur les espèces animales collec-
          tées. Le premier volume du rapport de l’expédition fut publié en 1880 et le
          cinquantième et dernier en 1895. Les résultats des recherches du Challen-
          ger alimentèrent l’essentiel du savoir océanographique du 19  siècle.
                                                            ème
             Ces volumes consignaient la plupart des données marines géologiques
          disponibles alors, même si des données relatives aux marées et à la houle
          manquaient  encore.  L’expédition  du  Challenger  fut  la  première  d’une
          longue série du même genre. Dans les années suivantes, le navire russe
          Vitiaz, le navire italien Vittor Pisani, le Blake et l’Albatros américains, le
          Drache et le Nazional allemands, le Travailleur et le Talisman français, sil-
          lonnèrent les océans pour un travail sans précédent. On peut ajouter à cela
          l’expédition du Dana (1920-1922), grâce à laquelle Schmidt put localiser
          dans la mer des Sargasses une zone de reproduction des anguilles. Du côté
          italien, il y eut aussi la croisière du Washington (1881-1886) au cours de
          laquelle fut découverte la faune abyssale de la mer Tyrrhénienne.

             En complément de ces premières expéditions océanographiques, fu-
          rent construits des laboratoires permanents à proximité de la mer, équi-
          pés pour l’étude de la faune et de la flore marines. Parmi ces laboratoires,
          en Italie, le premier fut installé à Naples en 1872, et il devint un institut
          biologique de premier ordre, qui acquit une réputation mondiale.
             Le développement moderne de la biologie marine se renforça aussi
          avec des études quantitatives sur le plancton (Brandt en 1899) et sur le
          benthos (avec Kiel en 1865, auquel on doit la notion de biocénose, puis
          avec Petersen en 1911). La première institution internationale créée dans
          ce cadre en expansion fut l’International Council for the Exploration of
          the Sea, à Copenhague, dont l’objectif était une standardisation des mé-
          thodes et des définitions utilisables en biologie marine.

             Puis, à la fin du 19  siècle, un petit groupe de chercheurs scandinaves
                            ème
          commença à s’intéresser plus particulièrement au mouvement de l’océan,
          à sa variabilité périodique, et aux fluctuations des courants. Auparavant, les
          spécialistes maritimes semblaient s’être contentés de décrire l’état superfi-
          ciel de l’océan, et ce qu’il contenait de plus apparent, sans se préoccuper
          particulièrement de la façon dont les masses fluides marines interagissaient.



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