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Ce service administrait les instruments de cartographie des océans, ainsi
que le calibrage et la normalisation des instruments de mesure. Et puisque
la vocation de ce service était l’aide à la navigation, par la collecte et la
diffusion d’informations, propres à rendre plus sûr et plus rapide le passage
sur les grandes voies commerciales, son activité se concentra d’abord sur
les caractéristiques de surface de l’océan, avec les vents, courants, et marées
qui en déterminaient la variabilité. Plus tard, en en complément, se déve-
loppa aussi un intérêt pour la circulation abyssale, en profondeur.
En 1842, lorsque le lieutenant Matthew Maury fut nommé directeur
du Dépôt des cartes, une ère nouvelle commença avec lui. Maury s’enga-
gea avec une grande énergie dans la réalisation des premières cartes des
courants et des vents. Ses cartes furent tracées en rassemblant les rap-
ports des capitaines des navires commerciaux, déjà disponibles à l’époque
en bonne quantité. Maury y traita les observations de façon systématique,
et il fut bientôt en mesure d’offrir des cartes qui indiquaient la plupart
des vents et des courants dominants. Sa première carte fut publiée en
1847 et l'exploitation de cet outil graphique donna d'excellents résultats.
Des clippers parcouraient déjà la route New-York/San Francisco, via
le détroit de Magellan ou le cap Horn, en quatre mois, mais avec les cartes
de Maury, certains navires furent en mesure de gagner un mois sur le
trajet, et le record de parcours fut porté à 89 jours. Les résultats furent si
encourageants que Maury proposa, lors la Conférence internationale de
météorologie maritime de 1853, de créer un réseau plus élargi, interna-
tional, en invitant les navires des autres pays à participer au système, et
donc à échanger leurs observations navales au bénéfice de tous. Dix na-
tions maritimes acceptèrent. C’est ainsi que fut créé le premier réseau
international d’observations océanographiques.
Maury joua aussi un rôle important dans la pose du premier câble
transocéanique atlantique. Une compagnie télégraphique lui avait de-
mandé un avis sur les caractéristiques du fond océanique selon un par-
cours prévu pour le câble entre Terre-Neuve et l’Irlande. Maury répondit
avec un grand optimisme que le fond de la mer entre les deux points
indiqués semblait fait exprès pour y poser des câbles télégraphiques, se
fondant sur environ trente mesures effectuées sur un parcours de 3.600
km, sans doute un bel exemple d'intuition professionnelle. Le câble fut
posé en 1858 et même s’il se rompit trois mois après (il fallut attendre
1866 pour qu’une communication télégraphique durable puisse enfin être
rétablie), cet événement encouragea de nombreux projets de pose
d’autres câbles télégraphiques.
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