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Les problèmes traités par Black étaient relatifs, d’une part, à l’échange
               de chaleur entre deux corps à température différente, mis en contact entre
               eux, et d’autre part à la transition d’état (de l’état solide à l’état liquide, puis
               à l’état gazeux, et inversement) d’une substance réchauffée ou refroidie.
                 Il s’aperçut d'abord que dans l’échange de chaleur entre deux substances
               différentes, la même quantité de chaleur ne produisait pas la même augmen-
               tation de température dans toutes les substances. Ce qui ne pouvait s’expli-
               quer qu’en admettant que les différentes substances avaient une réceptivité
               différente à la chaleur ou, comme on le dit de manière plus moderne, une
               chaleur spécifique différente.
                 Puis il vérifia que, lors d’un changement d’état, par exemple lorsqu’on
               faisait fondre de la glace en la réchauffant, sa température ne variait pas,
               même si on continuait à fournir de la chaleur. En d’autres termes, la cha-
               leur fournie devenait latente, c’est-à-dire qu’elle ne pouvait pas être rele-
               vée et suivie par le thermomètre.

                 Indépendamment  de  ces  recherches  expérimentales,  en  1769,  l’ingé-
               nieur écossais James Watt (1736-1819), qui était en contact avec Black, avait
               breveté une amélioration pratique du rendement des machines à vapeur, ce
               qui permettait de construire dès lors des machines industrielles plus effi-
               caces et puissantes. Cette invention donna une impulsion décisive à la ré-
               volution industrielle qui allait bouleverser le monde européen, en favorisant
               le développement de grandes villes et de grandes usines. Car la machine à
               vapeur pouvait dès lors fournir de grandes quantités de puissance motrice
               n’importe où, et pas seulement là où se trouvaient des cours d’eau.
                 Quant  aux  observations  de  Black,  elles  étaient  difficilement  interpré-
               tables à travers une théorie cinétique, mais elles l’étaient plus facilement dans
               le cadre d’une théorie substantielle. Et là, la validation de la théorie substan-
               tielle -ou plus officiellement, la théorie du fluide calorique- à la fin du siècle,
               fut due à ses avantages méthodologiques, et à son soutien en France.

                 Car pendant la Révolution française, puis à l’époque napoléonienne, la
               France était devenue une puissance avancée, tant en matière industrielle
               qu'en matière culturelle. Les universités françaises et les établissements
               publics comme l’Institut de France et l’École Polytechnique (une véritable
               faculté  d’ingénieurs),  dispensaient  une  préparation  de  grande  qualité.
               Dans ce cadre, parallèlement aux grands développements de l’analyse ma-
               thématique et de la géométrie analytique, se développait une physique ma-
               thématique  modernisée,  où  l’étude  des  phénomènes  physiques  devint
               aussi quantitative.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      385
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