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Mais dans la mesure où ils n’avaient pas, en mathématiques, de savoir
          suffisant pour formuler des théories à la fois sophistiquées et innovantes,
          ils se bornaient à des comptes-rendus de travaux effectués en laboratoire,
          souvent sans perspective théorique très claire.
             Les nouveaux physiciens théoriciens, au contraire, étaient des chercheurs
          dotés d’une formation mathématique plus approfondie, qui pensaient que
          les mathématiques étaient un instrument capable d’ouvrir de nouvelles voies,
          potentiellement utilisable avec audace. Ils étaient convaincus que, pour faire
          face à la croissance des connaissances expérimentales, il fallait imaginer de
          nouveaux objets physiques théoriques et de nouvelles formes d’interactions.
             Pour ce faire, ils construisirent donc des théories et des modèles, parfois
          sans trop se préoccuper de rigueur (quand ils ne prétendaient même pas
          être logiquement cohérents), ni d'un caractère complet, et encore moins du
          fait qu’ils soient en parfait accord avec toutes les données expérimentales.
          Ils proposaient des conjectures audacieuses, pour ouvrir de nouvelles voies
          d’exploration et de nouveaux points de vue, qui supportaient difficilement
          les limitations méthodologiques et métaphysiques.
             Dans ce contexte, une contestation de la physique des fluides impon-
          dérables, et de l’action à distance entre les hypothétiques particules qui
          les constituaient, vint mettre en cause les théories de la consistance de la
          lumière. L’hypothèse de la nature ondulatoire de la lumière avait été in-
          troduite à la fin du 17 ème  siècle, mais l’autorité de Newton tout d’abord,
          puis de Laplace, avaient imposé l’idée que la lumière était composée de
          particules qui se mouvaient en ligne droite. Pour aller plus loin, Thomas
          Young (1773-1829) avait commencé en 1802 à étudier les phénomènes
          d’interférence produits par le passage de la lumière provenant d’une seule
          source à travers deux orifices très petits et très proches l’un de l’autre.

             Puis en 1816 Augustin Fresnel (1788-1827) et François Arago (1786-
          1853) avaient effectué des expériences d’interférence et de diffraction de
          lumière, qui vinrent corroborer la théorie ondulatoire. Jusqu’alors les ré-
          ticences à cette théorie étaient liées au fait qu’on pensait que les ondes
          lumineuses étaient analogues aux ondes acoustiques, c’est-à-dire qu’elles
          étaient caractérisées par des vibrations longitudinales (qui se produisaient
          dans la direction de la propagation de la lumière). Mais Fresnel imaginait
          qu’il pouvait s’agir de vibrations transversales (c’est-à-dire qui se produi-
          saient dans une direction perpendiculaire à celle de propagation), ce qui
          pouvait donner aussi une nouvelle interprétation des phénomènes de po-
          larisation optique.



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