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Or, la principale interrogation sur la nature de la lumière portait alors
               sur la vibration. Les ondes sonores étaient des vibrations de l’air, et les
               ondes sur l’eau étaient visiblement des vibrations du liquide, mais qu’est-
               ce qui caractérisait les ondes lumineuses ? Puisque la lumière arrivant des
               étoiles éloignées semblait voyager dans l’espace vide, l’idée de Fresnel (la
               seule concevable à l’époque) était que l’espace universel n’était pas vide,
               mais rempli d’une matière imperceptible, capable de servir de support
               aux ondes. Pour donner un nom à cette matière, son choix se porta sur
               le terme alors le plus usuel, l’éther. Ainsi, à partir de Fresnel et jusqu’à
               Einstein, tout l’espace a été supposé plein d’un éther luminifère dans le-
               quel se propageait, sous forme d’ondes, la radiation lumineuse. Mais des
               découvertes dans d’autres domaines, couronnées notamment par celles
               de Maxwell et Hertz, allaient remettre en cause ce schéma.
                 Car le Danois Hans Christian Œrsted (1777-1851) observa en 1820 un
               phénomène qui apparemment ne produisait pas l’effet attendu. Une aiguille
               magnétisée approchée d’un fil parcouru par un courant n’était en effet ni
               attirée ni repoussée par le fil, mais effectuait une rotation sur elle-même
               tendant à se disposer perpendiculairement au fil. Cette découverte était im-
               portante, non seulement parce qu’elle n’entrait pas dans le schéma des at-
               tractions et des répulsions entre les corps, dirigées le long de la ligne reliant
               ces corps, mais aussi parce qu’elle indiquait que les phénomènes électriques
               et les phénomènes magnétiques n’étaient pas aussi distincts qu’on le pensait.
               D’où l’émergence, puis l’exploration croissante, de l’électro-magnétisme.
                 André-Marie Ampère (1775-1836) entreprit de mettre autant que pos-
               sible ces nouveautés en bon ordre pour ses recherches. Il imagina que le
               supposé fluide magnétique n’existait pas, et que le magnétisme des corps
               n’était que le produit, à l’intérieur de ces corps, de très petits courants
               circulaires, comme si les atomes étaient entourés de charges électriques
               en rotation continue. Un courant circulaire, pour Ampère, était équivalent
               à l’effet d’un aimant orienté dans une direction perpendiculaire à ce cou-
               rant (c’est ce qu’on a appelé le théorème d’équivalence d’Ampère). Un
               corps magnétisé était alors un corps dans lequel les atomes n’étaient pas
               disposés de façon désordonnée mais -pour l’essentiel- de façon telle que
               leurs courants circulent dans la même direction et sur des plans parallèles.
               Il en découlait que les actions entre aimants, et les actions entre courants
               et aimants, pouvaient être ramenées à des actions entre courants et cou-
               rants, ce qui pouvait être étudié pour éclairer la nature des attractions et
               des répulsions, puisque dans ce cas, le phénomène s’appliquait entre des
               éléments de courant électrique, et pas entre des particules de fluides.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      391
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