Page 394 - eco-savoirs pour tous
P. 394

Au cours de ses recherches, il découvrit l’effet (qui portera son nom)
          par lequel le passage de courant électrique produit de la chaleur. En même
          temps, il commença à étudier les premiers moteurs électriques, en cher-
          chant à en évaluer le rendement. Quand on étudiait le fonctionnement
          d’un moteur ou d’une machine, l’effet utile était en général évalué comme
          un effet mécanique, appelé travail, qui était mesuré en fonction de la ca-
          pacité  à  soulever  un  poids  à  une  certaine  hauteur,  ou  bien  à  mettre
          quelque chose en mouvement avec une certaine quantité de force vive.
             Au cours de ces recherches, Joule commença à penser que l’action
          électrique et l’action chimique pouvaient se convertir, soit en chaleur (qui
          ne pouvait donc être qu’équivalente à une forme de mouvement), soit en
          effet mécanique (travail ou force vive) et que, à action électrique égale,
          plus on produisait de chaleur et moins on produisait d’effet mécanique,
          et inversement. Si cela était vrai, la chaleur et l’effet mécanique étaient
          deux manifestations d’un même phénomène, c’est-à-dire qu’ils pouvaient
          se  convertir  l’un  en  l’autre. Dans les  machines hydrauliques  et méca-
          niques, la puissance mécanique perdue par frottement se transformait en
          chaleur, et inversement, dans les machines thermiques, l’effet mécanique
          produit dérivait de la consommation d’une quantité équivalente de cha-
          leur. À ce stade, une solution semblait en vue.

             Effectivement, par des expériences répétées, Joule démontra qu’en
          faisant perdre par frottements la capacité d’effectuer un travail à un poids
          soulevé à une certaine hauteur et qu’on laissait tomber, on obtenait tou-
          jours la même quantité de chaleur. De cette façon, il fut en mesure de
          déterminer ce qu’il appela l’équivalent mécanique de la chaleur. La seule
          hypothèse physique en mesure d’expliquer cette équivalence était que la
          chaleur n’était autre que de la force vive transférée sous la forme de mou-
          vements au corps réchauffé. Il fallait, par conséquent, accepter de nou-
          veau la théorie cinétique de la chaleur.
             Hermann  von  Helmholtz  (1821-1894)  donna  finalement  une  base
          théorique commune à toutes ces observations. Il reprit le théorème des
          forces vives de Lagrange, et il postula qu’il était généralisable à tous les
          phénomènes physiques, car en chacun d’eux, on pouvait identifier une
          force de tension (qui fut ensuite appelé énergie potentielle) et une force
          vive (qui fut par la suite appelée énergie cinétique), dont la somme, en
          considérant tous les corps qui prenaient part au phénomène, restait de
          toute façon constante. Le dénominateur commun de tous les agents na-
          turels était ainsi leur capacité à produire des effets.



          394                                        Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr        © LEAI        Marc CARL
   389   390   391   392   393   394   395   396   397   398   399