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Cette capacité se conservait, même si parfois elle se transférait à des
               mouvements qui n’étaient pas observables à l’œil nu, mais qui mobilisaient
               les particules microscopiques dont les corps étaient faits, ce qui se révélait
               dans l’augmentation de la température des corps. Cette capacité à produire
               des effets, ou cette capacité à produire du travail, fut par la suite appelée
               globalement énergie, et les moyens et les conditions de conservation de
               l'énergie allaient déterminer tout le développement moderne.
                 Pour les expérimentateurs du 19  siècle, l’énergie se transformait con-
                                            ème
               tinuellement, et ce qui était apparemment perdu se retrouvait sous une autre
               forme, et pouvait même se reconvertir dans sa forme originale. Ce qui était
               encourageant, jusqu’à ce qu’on se rende compte que les différents types de
               conversion entre les formes d’énergie n’étaient pas tous équivalents.
                 Pour comprendre cette problématique, il faut faire un retour en arrière.
               En 1824, le jeune officier du génie français Sadi Carnot (1796-1832) avait
               publié un court ouvrage intitulé Réflexions sur la puissance motrice du feu et les
               machines propres à développer cette puissance. C’était un petit traité sur les prin-
               cipes généraux du fonctionnement des machines thermiques, qui contenait
               en germe ce qui allait devenir la thermodynamique. Carnot y mettait en lu-
               mière des aspects du fonctionnement des machines thermiques qui allaient
               se révéler d’une grande importance. Il disait que pour qu’il soit possible de
               produire de la puissance motrice (on dira ensuite du travail mécanique), en
               utilisant la chaleur émise par la combustion d’une substance, il fallait pou-
               voir disposer d’une différence de température dans le système.
                 En d’autres termes, une machine thermique ne pouvait fonctionner que
               si à côté de la source de chaleur, qui se trouvait évidemment à une tempé-
               rature élevée, il y avait une autre source qui devait être maintenue à une
               température plus froide que la source de chaleur. En général, cette source
               était le milieu où la machine travaillait, et sa température était la tempéra-
               ture  naturelle  ambiante.  Selon  Carnot,  la  chaleur  produisait  du  travail
               lorsqu’elle passait de la source chaude à la source froide.
                 Le  physicien  et  mathématicien  Jean-Baptiste  Fourier  (1768-1830)
               avait lui aussi déjà remarqué cela. Dans ses études sur la propagation de
               la chaleur par conduction thermique, il avait indiqué cette tendance spon-
               tanée généralisée. Dans la nature, la chaleur tendait à se distribuer uni-
               formément dans un corps, jusqu’à ce que toutes ses parties se trouvent à
               la même température. A contrario, le processus inverse, c’est-à-dire la
               concentration de chaleur dans une partie du corps (suivie du réchauffe-
               ment de cette partie) ne se produisait pas spontanément dans la nature.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      395
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