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Pour travailler utilement sur ce modèle, il devait donc utiliser aussi
          des hypothèses statistiques. Cette approche fut particulièrement validée
          quand  elle  devint  nécessaire  au  savant  autrichien  Ludwig  Boltzmann
          (1844-1906), l’un des plus grand physiciens théoriciens du 19 ème  siècle.
          Le problème que Boltzmann devait résoudre était de trouver une des-
          cription mécanico-atomiste d’un système physique macroscopique qui
          permette d’expliquer la deuxième loi de la thermodynamique, c’est-à-dire
          la tendance irréversible du système à atteindre une situation d’équilibre,
          excluant toute autre possibilité d’évolution.
             Comme pour Maxwell, la recherche de Boltzmann recourut à la statis-
          tique, faute de pouvoir décrire l’évolution du système molécule par molécule.
          Et sa méthode d’analyse utilisa le modèle d’un gaz parfait, dont la description
          de l’état macroscopique était aussi celle que la thermodynamique proposait
          en termes de température, de pression, et de grandeurs qu’on pouvait calculer
          à partir de celles-ci, c’est-à-dire l’énergie et l’entropie. À chaque état macros-
          copique correspondrait une fonction particulière de distribution des vitesses
          des molécules (c’est-à-dire un tableau indiquant la vitesse de chaque groupe
          de molécules, l’énergie totale du système étant connue).

             Encore fallait-il trouver la façon par laquelle une fonction de distribu-
          tion pouvait varier dans le temps, selon le choc des molécules entre elles
          et avec les parois du récipient. Boltzmann réfléchit au fait que le méca-
          nisme des chocs, à lui seul, était tel qu’une fonction de distribution initiale
          quelconque tendrait à rejoindre la fonction de distribution qui avait été
          trouvée par Maxwell, et qui était typique de la situation d’équilibre. Là, le
          gaz présenterait le comportement unidirectionnel prévu par la deuxième
          loi de la thermodynamique. On pourrait calculer une grandeur, dépen-
          dante de la fonction de distribution, et qui ne pourrait qu’augmenter, at-
          teignant sa valeur maximale quand le système serait en équilibre. Cette
          grandeur mesurerait, par conséquent, l’effet que l’entropie devait avoir.
             Boltzmann  tenait  donc  compte  du  fait  qu’étudier  l’évolution  d’une
          fonction de distribution à laquelle correspondait un grand nombre d’états
          microscopiques (c’est-à-dire les états définis exactement par les positions
          et par les vitesses de chaque molécule) était une chose en théorie, alors que
          suivre et corréler l’évolution de chaque état microscopique en était une
          autre en pratique. Et de plus, les hypothèses sur les modalités de collision
          entre les molécules n’étaient pas purement mécaniques. En fait, elles po-
          saient un certain nombre de problèmes liés au caractère fortuit du mouve-
          ment des molécules, incompatible avec une vision déterministe classique.



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