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Ces réflexions, purement conjecturelles, furent publiées en 1892, et
quelques années plus tard, elles connurent une confirmation expérimen-
tale. Cette confirmation découla indirectement d’un débat animé qui eut
lieu dans les dernières années du 19 ème siècle, et auquel participèrent des
physiciens théoriciens et expérimentaux qui s’étaient occupés d’un phéno-
mène connexe, la décharge électrique dans les gaz. Dans ce domaine, l’uti-
lisation de pompes à vide avait permis d’étudier la nature de la décharge
qui se produisait dans un gaz à basse pression lorsqu'une différence de
potentiel suffisante était produite entre la cathode (l’électrode négative) et
l’anode (l’électrode positive). Les phénomènes observés apparaissaient
étranges : on voyait des bandes lumineuses alterner avec des espaces
sombres, et ces configurations variaient selon la pression du gaz.
Un autre phénomène particulièrement étrange se produisait en outre
lorsque la pression du gaz devenait très basse. La décharge cessait alors
d’être lumineuse, sauf pour une faible lueur verdâtre (comme celle des
objets phosphorescents) qui se produisait à l’intérieur du tube, en face de
la cathode. L’étude de ce phénomène mena, dès les années 1870-1880, à
considérer que les cathodes émettaient une nouvelle forme de radiation
qui, quand elle entrait en contact avec le verre du tube à décharge, pro-
duisait des effets de fluorescence. On avait découvert les rayons catho-
diques (qui seront utilisés plus tard dans les premiers téléviseurs). Ce qui
soulevait une nouvelle question délicate : de quelle nature étaient ces
rayons ? C’est sur ce thème que naquit une longue controverse entre les
physiciens anglais et les physiciens allemands. L’Anglais William Crookes
(1832-1919) commença une série systématique d’observations sur la base
desquelles on pouvait supposer que les rayons cathodiques avaient une
nature corpusculaire, et qu’ils étaient composés d’une matière très fine,
voire plus fine que celle des gaz mêmes.
Au contraire, l’Allemand Philipp Lenard (1862-1947), influencé par
Hertz qui ne croyait pas à la nature corpusculaire de l’électricité, soutenait
au contraire qu’il s’agissait d’une nouvelle forme de radiation, différente
de la radiation lumineuse, qui se propageait dans l’éther. Sans le vouloir,
Lenard fit pourtant une découverte importante, en voulant démontrer
que les rayons cathodiques pouvaient franchir de fines plaques métal-
liques (et qu’ils ne pouvaient donc pas être matériels).
Il s’aperçut effectivement qu’une plaque métallique sur laquelle on
projetait des rayons cathodiques émettait une étrange forme de radiation,
qu’il pensa être constituée de rayons cathodiques secondaires.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 403