Page 407 - eco-savoirs pour tous
P. 407

Ces objections semblaient raisonnables, mais elles furent pourtant in-
               firmées par de nouveaux résultats de la physique expérimentale, qui dé-
               couvrait chaque jour des niveaux de réalité microscopique inconcevables
               auparavant. Une fois encore, la réalité était donc encore un peu plus loin.
                 Ces découvertes induisaient notamment l’idée que cette réalité avait
               une nature corpusculaire, non représentable dans une conception conti-
               nue de la matière. Et ceci devait décider du destin de la physique du 20 ème
               siècle, dont le domaine principal de recherche allait devenir la structure
               élémentaire de la matière, et les lois qui régissent le comportement des
               particules élémentaires.
                 Les physiciens qui ne voulaient pas croire à l’existence des atomes
               cultivaient  généralement  l’idéal  ancien  d’une  physique  phénoménolo-
               gique se limitant à la description de ce qui était observé directement, sans
               spéculations hypothétiques, notamment parce qu’ils préféraient penser
               que la matière était continue. Mais leurs résistances furent définitivement
               balayées par le résultat de travaux qui allaient mieux mettre en évidence
               la réalité de l’atome et de son mouvement.
                 L'intuition en a pourtant été indirecte. Le physicien français Jean-Bap-
               tiste Perrin (1870-1942) eut en effet l’idée de concentrer son attention sur
               un phénomène observé dès 1827 par le botaniste Robert Brown (1773-
               1858), qui avait remarqué que de minuscules grains de pollen, observables
               uniquement au microscope, suspendus dans un liquide, effectuaient une
               étrange danse, indépendamment du fait qu’ils étaient vivants ou morts.
                 Perrin eut l’intuition que ce mouvement, appelé dans ces conditions
               mouvement brownien, pouvait peut-être aider à préciser la théorie ciné-
               tique de la chaleur, en portant à évaluer le fait que les constituants de la
               matière pouvaient être animés par un mouvement d’agitation continu,
               qui ne s’arrêtait qu’au zéro absolu. Et il vérifia cela par une série brillante
               d’expériences, grâce à l’utilisation de puissants microscopes. L’atome ac-
               tif, concentré d’énergie vibrante, devenait ainsi une certitude de la phy-
               sique, laquelle pouvait entrer définitivement dans sa période moderne en
               explorant cette voie. C’est ce que nous allons voir plus en détail dans
               l’exposé suivant.











               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      407
   402   403   404   405   406   407   408   409   410   411   412