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Le physicien théoricien Hendrik Anton Lorentz (1853-1928) suggéra
          alors une hypothèse nouvelle. Intrigué par la théorie électromagnétique de
          la lumière, il commença à en étudier les phénomènes de propagation au sein
          de différents matériaux transparents, dans le cadre de cette théorie. Et il
          parvint à une interprétation nouvelle des différents résultats expérimentaux
          obtenus, en supposant que dans les corps dits transparents, en l’occurrence
          des matières diélectriques, il y avait des charges microscopiques oscillant
          autour de positions d’équilibre, et libres de se déplacer dans les conducteurs.
             Ces charges devaient être considérées comme les sources du champ
          électromagnétique. Elles excitaient l’éther présumé, qui à son tour agissait
          sur elles, en n’interagissant qu’indirectement avec les corps matériels. Pour
          expliquer le magnétisme, on pouvait ainsi revenir à la précédente hypo-
          thèse d’Ampère, selon laquelle il  était  engendré par le mouvement  des
          charges électriques.
             En outre, le phénomène des raies spectrales (c’est-à-dire le fait que les
          gaz émettaient de la lumière dans une série de fréquences bien définies)
          pouvait être expliqué aussi en supposant que les radiations des différentes
          fréquences provenaient des oscillations des petites charges qui se trou-
          vaient à l’intérieur de leurs atomes. Et en faveur de cette hypothèse, qui
          fut appelé par la suite la théorie des électrons, il existait une preuve ex-
          périmentale, obtenue par l’étude des phénomènes optiques, de la pro-
          duction d’un mouvement relatif entre la source de la lumière et le milieu
          dans lequel la lumière se propageait.
             Il restait néanmoins à savoir si un corps en mouvement entraînait ou
          non un éther où il était contenu. Une première réponse à cette question
          avait été fournie par Augustin Fresnel au début du siècle, établissant que
          s’il y avait un entraînement, il ne pouvait être que partiel.
             Lorentz reprit le raisonnement et démontra qu’avec son hypothèse,
          le problème  était  résolu.  En  effet, les  corps  en  mouvement  à  travers
          l’éther n’interagissaient pas avec lui, et la matière ordinaire était complè-
          tement perméable à l’éther, ce qui signifiait deux choses :
             a) que l’éther restait dans tous les cas parfaitement immobile, et que
          par conséquent la vitesse de la lumière était tout à fait indépendante du
          mouvement de la source,
             b) qu’entre la matière ordinaire et l’éther, il ne se produisait aucune
          forme d’interaction mécanique (l’éther n’opposait aucune résistance au
          mouvement de la matière), avec la conséquence que probablement l’éther
          était une substance de nature non mécanique.


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