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Dans ce sens, il est intéressant de distinguer une série de facteurs con-
               comitants, et en premier lieu, la découverte de la corrélation entre les dif-
               férentes forces et les différents agents naturels impliqués. La physique des
               fluides impondérables tendait à distinguer différents types de matière, en
               leur attribuant des phénomènes différents. Mais des recherches, pendant
               la première moitié du 19 ème  siècle, avaient montré que ces distinctions ne
               pouvaient pas être aussi évidentes.
                 Non seulement les phénomènes électriques pouvaient ne pas être sé-
               parés des phénomènes magnétiques, mais la pile électrique, comme tous
               les phénomènes électrolytiques, relevait à la fois de la chimie et de l’électri-
               cité. En outre, dans les phénomènes électrolytiques, il se produisait une
               émission de chaleur, et il y avait donc une liaison avec des phénomènes
               thermiques. La lumière elle aussi produisait de la chaleur et pouvait inter-
               venir dans les réactions chimiques, alors que le magnétisme influait sur la
               propagation de la lumière, en modifiant le plan de polarisation. Enfin, les
               décharges électriques produisaient des effets magnétiques, des effets op-
               tiques, et des effets thermiques. Tout cela était complexe, mais lié.
                 Cette série de découvertes amena donc à penser que la capacité de pro-
               duire des effets par les principaux agents naturels (c’est-à-dire la chaleur, la
               lumière, l’électricité, le magnétisme) ne se perdait pas, et que l’action d’un
               agent pouvait se transformer en celle d’un autre, dans une mesure équiva-
               lente. Une étape décisive fut accomplie lorsque l’étude du fonctionnement
               des machines, et en particulier des machines thermiques (comme la ma-
               chine à vapeur), fit reprendre en compte l’idée que ce qui se perdait -à cause
               notamment des frottements- pouvait se retrouver sous forme de chaleur.
               De là, il fallait admettre que la chaleur pouvait être créée par un frottement.
               Or, une substance comme le fluide calorique ne pouvait théoriquement
               pas être créée ou détruite. La seule possibilité logique était de revenir à la
               vieille idée selon laquelle la chaleur était liée à une forme de mouvement.
                 Ce qui fut confirmé par les recherches sur ce qu’on appelle la chaleur
               rayonnante. Ces recherches profitèrent d’une contribution décisive de l’ita-
               lien Macedonio Melloni (1798-1854), qui démontra que la chaleur rayon-
               nante (identifiée par la suite comme radiation infrarouge) se propageait
               comme la lumière, de façon ondulatoire. Par conséquent, la chaleur rayon-
               nante pouvait être elle aussi, comme la lumière, une forme de mouvement
               de l’éther supposé. James Prescott Joule (1818-1889), qui étudiait les phé-
               nomènes électrochimiques, devint un partisan convaincu de cette corréla-
               tion entre l’action chimique et l’action électrique.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      393
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