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LA PHYSIQUE CLASSIQUE




                    Au cours du 19  siècle, la physique ayant pu consolider ses acquis du
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               siècle précédent, la recherche était en voie de professionnalisation, menée
               surtout dans des universités, et dans des laboratoires partenaires. Les savants
               indépendants ayant un laboratoire privé étaient devenus moins nombreux,
               et une normalisation était en cours. Les physiciens s’organisaient en associa-
               tions nationales et internationales, et ils se réunissaient en congrès. Ils éta-
               blissaient des normes standard pour recadrer la façon d’exposer et de publier
               les nouvelles théories et les résultats expérimentaux, en officialisant des uni-
               tés de mesure consensuelles. Une nouveauté importante, pour l’organisation
               universitaire et la recherche dans la discipline, a été l’affirmation de la phy-
               sique  théorique  et  mathématique  comme  support  préférentiel  des  re-
               cherches, en concurrence avec la physique expérimentale antérieure.
                 Cette nouvelle organisation s’accompagnait d’une transformation des
               contenus, et des méthodes d’enseignement et de recherche, ce qui consti-
               tuait aussi une adaptation scientifique majeure. La physique mathématique,
               qui était née dans le cadre de la réputée école de Laplace, avait intégré de
               nouveaux outils (le développement du calcul infinitésimal, la solution des
               équations différentielles, l’étude d’autres formes de représentation mathé-
               matique) qui pouvaient être utiles aussi pour la résolution des problèmes
               physiques et technologiques pratiques. De son côté, la recherche en phy-
               sique expérimentale était souvent menée par des savants assez habiles pour
               construire des instruments et pour effectuer des mesures, mais dotés d’une
               moindre préparation mathématique. La démarcation entre ces deux types
               de recherche dépendait surtout des buts visés et du choix entre une attitude
               conservatrice ou une attitude non-conformiste.
                 En effet, d’un côté, le traitement des problèmes mathématiques liés à
               l’enquête physique ne mettait presque jamais en discussion les théories
               acceptées, et tendait à les appliquer avec une certaine rigueur. D’un autre
               côté,  des physiciens  expérimentaux  cherchaient  à affiner  leurs instru-
               ments et à améliorer la précision de leurs mesures, avec plus de liberté.




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