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La controverse fut résolue par Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783),
          qui peut être considéré comme le principal fondateur de la mécanique
          rationnelle. D’Alembert fit la simple démonstration que les deux prin-
          cipes valaient, mais dans des situations différentes, puisque la force vive
          était le résultat de l’action d’une force agissant sur un espace donné, tan-
          dis que la quantité de mouvement était le résultat de l’action d’une force
          pour un intervalle de temps donné. Les deux grandeurs avaient donc une
          signification et un contexte d’application différents.
             D'autres savants de cette époque, Leonhard Euler (1707-1783), et Jo-
          seph Louis Lagrange (1736-1813) ont eux aussi travaillé à l’approfondisse-
          ment théorique et à l’extension du domaine d’application de la mécanique
          newtonienne. C’est en effet Euler qui énonça clairement la deuxième loi
          de la dynamique dans des termes bien connus depuis, c’est-à-dire par la
          formule F = ma (F étant la force, m la masse, et a l’accélération).
             Pour sa part, Lagrange, étant aussi bon physicien que mathématicien,
          fonda la mécanique analytique, que nous pouvons considérer comme la
          formulation la plus rigoureuse et la plus complète de la mécanique clas-
          sique. En particulier, il parvint à démontrer le théorème des forces vives,
          en  expliquant que dans les phénomènes mécaniques  où  était  absente
          toute forme de frottement, il existait une grandeur qui se conservait et
          qui avait une valeur constante durant tout le mouvement du système.
             Ainsi, les problèmes qui se posaient à la fin du 18 ème  siècle n’étaient
          plus tournés principalement vers l’astronomie, mais aussi vers la méca-
          nique, ce qui incluait l’étude du fonctionnement des machines, c’est-à-
          dire des dispositifs, parfois très compliqués, par lesquels on cherchait à
          exploiter un agent moteur -jusqu’alors le vent, ou la chute de l’eau- pour
          obtenir un effet utile (la rotation d’une meule, le pompage, le mouvement
          d’un châssis, etc). Le fait qu’il paraissait impossible de maintenir un mou-
          vement perpétuel laissait déduire qu’une partie de l’action de l’agent mo-
          teur était inévitablement perdue à cause des frottements et des chocs
          entre les parties de la machine. Les conditions définies par Lagrange de-
          venaient donc un point de référence intéressant vers lequel on pouvait
          orienter la construction de machines de plus en plus efficaces.
             Et cela allait encore s'améliorer avec la nouvelle fée électricité. Le phé-
          nomène selon lequel certains objets frottés (surtout l’ambre, en grec élec-
          tron), attiraient d’autres objets (plumes, poussière, etc.) était connu depuis
          l’Antiquité. Mais tout cela se perfectionnait, et vers le milieu du 18  siècle,
                                                                ème
          les phénomènes électriques étaient devenus des sujets d'actualité.


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