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Elles  fondaient un  édifice  théorique  présentant la matière  comme
               inerte et passive, tant qu'elle n'était pas mise en mouvement par diverses
               forces. Et cette conception s’appliquait autant au niveau cosmologique
               qu'au niveau microscopique (Newton fut aussi quelque peu alchimiste et
               chimiste), sur la base d’un principe d’analogie universelle qui rendait le
               microcosme semblable au macrocosme. Bref, le monde de Newton était
               un  monde  dans  lequel  des  corps  matériels,  constitués  d’agrégats
               d’atomes, interagissaient entre eux au moyen de champs de forces.
                 Pour Newton, ces forces agissaient directement et à distance dans
               l’espace vide. Mais il ne prétendit jamais que là était la véritable cause du
               mouvement, pensant que l’intellect humain ne pourrait jamais parvenir à
               la connaissance des causes ultimes, qu'il pensait n’appartenir qu’au divin.
               L’intellect humain devait se contenter de décrire de façon mathématique
               ce qui lui était révélé par l’expérience concrète. À partir de Newton, un
               objectif majeur des recherches en physique consista donc à analyser les
               phénomènes universels à l'occasion de la manifestation de l’action de ces
               forces sur les corps matériels.
                 Ce sera le programme de la physique classique pendant plus d’un siècle,
               jusqu’à ce qu’interviennent d’autres profonds changements, que l'historien
               franco-russe des sciences Alexandre Koyré évoqua dans les titres de ses deux
               publications les plus connues : Du monde de l’à-peu-près à l’Univers de la précision
               (1948) et Du monde clos à l’Univers infini (1958 et 1962). Il mettait en perspec-
               tive une nouvelle précision mathématique, non seulement dans la descrip-
               tion des phénomènes, mais aussi dans la construction des instruments, et
               dans le changement de la vision du cosmos produite par les astronomes à
               partir des travaux de Copernic, puis de Galilée.
                 Le modèle copernicien avait d’abord été considéré comme hypothé-
               tique, utile peut-être pour effectuer des calculs et des prévisions, mais
               encore discutable. De même, la théorie intermédiaire de l’astronome da-
               nois Tycho Brahe (1546-1601) avait été admise elle aussi, mais par défaut,
               jusqu’au milieu du 17 ème  siècle. Comme Ptolémée, Brahe plaçait la Terre
               au centre de l’Univers, et il pensait que la Lune et le Soleil tournaient
               autour de la Terre. À la différence de Ptolémée, il pensait toutefois que
               les cinq autres planètes tournaient autour du Soleil.
                 Johannes Kepler (1571-1630) avait introduit dans ce schéma quelques
               corrections intéressantes en mesurant la position des astres. Sa contribution
               principale à l’histoire de l’astronomie fut la démonstration que les planètes
               n’effectuaient pas d’orbites parfaitement circulaires autour du Soleil, mais
               parcouraient des ellipses dont le Soleil occupait l’un des foyers.

               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      377
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