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Ces interactions étant observées autant dans la vie quotidienne qu’en
          essais de laboratoire, il y avait essentiellement trois possibilités : admettre
          soit l’existence de différents types de matière, soit différents types de
          force, ou considérer une combinaison de ces deux possibilités. Ces hy-
          pothèses furent donc explorées et évaluées par les scientifiques du 18 ème
          siècle, mais sous la pression des évolutions sociétales du temps, puisque
             - ce qui, au début du siècle, était une activité éminemment spéculative
          de quelques philosophes, devenait déjà à la fin du siècle une activité pro-
          fessionnalisée et spécialisée de savants qui avaient reçu une formation
          améliorée, surtout en mathématiques, dans des universités et dans des
          institutions scientifiques ;
             - à la fin du siècle, cette activité, à la différence de ce qui avait lieu aupara-
          vant, était mieux financée, même par des gouvernements, qui commençaient
          à apprécier l’importance de certaines applications d'intérêt public ;
             - la description auparavant semi-qualitative de nombreux phénomènes
          devenait une démonstration mathématique plus rigoureuse, qui nécessitait
          une connaissance du nouveau calcul infinitésimal ;
             - les démonstrations expérimentales jadis destinées à étonner le public
          par  des manifestations  étranges,  et  sans  caractère  systématique,  deve-
          naient des expériences plus précises qui utilisaient des instruments de
          mesure plus sensibles (par exemple, des thermomètres capables d’évaluer
          des variations de température d’un centième de degré, des baromètres
          capables de mesurer des variations de pression d’un dixième de milli-
          mètre de mercure, des électromètres susceptibles de mesurer des diffé-
          rences de potentiel d’un dixième de volt, etc).

             Ces expériences pratiques étaient utiles pour valider les nouvelles théo-
          ries qui prévoyaient mathématiquement l’évolution  de  certains phéno-
          mènes physiques. Elles étaient documentées en conséquence. Ainsi, à la
          fin du 18 ème  siècle, les principales œuvres systématiques visant à illustrer
          les connaissances de la physique (principalement des encyclopédies et des
          dictionnaires de physique) étaient développées dans cinq ou six gros vo-
          lumes, et leurs auteurs avouaient souvent malgré cela qu’ils ne pouvaient
          pas y être exhaustifs. Ceci valait particulièrement pour ce qui allait être
          appelée la mécanique newtonienne, devenant une mécanique classique ap-
          pliquant les idées de Newton, et qui n'avait été formulée de manière abou-
          tie que dans la deuxième moitié du 18 ème  siècle.

             Et comme nous l’avons déjà vu, tout ce développement était facilité
          par le progrès du calcul infinitésimal, qui révélait des capacités de prévi-
          sion améliorées, applicables aussi à la science mécanique.


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