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Des démonstrateurs privés allaient de maison en maison, en particulier
chez les nobles et les riches bourgeois, et en frottant un long tube de verre,
ils électrisaient les cheveux des dames, faisaient jaillir des étincelles (l’une
des expériences les plus célèbres était le baiser électrique, c’est-à-dire la pe-
tite étincelle qui jaillissait entre les lèvres rapprochées de deux personnes si
l’une d’elles avait été auparavant électrisée), parmi divers autres effets cu-
rieux et amusants. Mais de vrais scientifiques s’y intéressaient eux aussi.
Intrigué par ces démonstrations, Benjamin Franklin (1706-1790) com-
mença des recherches qui l’amenèrent à vérifier comment s'organisaient
ces charges électriques. Il contribua alors de façon décisive au développe-
ment de l’électrologie, en utilisant la distinction, déjà découverte par Ste-
phen Gray (1666-1737), entre conducteurs et isolants électriques, et il émit
l’idée que l’électricité était un type particulier de matière fluide qui pouvait
entrer ou sortir des corps. Cette idée fut approfondie par l’Allemand Franz
Aepinus (1724-1802), qui commença à penser qu’une recherche ad-hoc
pourrait peut-être mettre en évidence quantitativement les forces qui
s’exerçaient entre les particules du flux électrique.
La progression fut laborieuse, car la seconde moitié du 18 siècle était
ème
marquée par un débat entre ceux qui pensaient que l’électricité était un
fluide unique -surabondant dans les corps chargés positivement et insuffi-
sant dans les corps chargés négativement- et ceux qui considéraient en re-
vanche qu’elle était constituée par deux fluides, l’un positif et l’autre négatif.
Ce qui était constaté, c’est qu’entre les corps chargés d’électricité de signe
opposé, se produisaient des actions d’attraction, tandis qu’entre les corps
chargés d’électricité d’un même signe, s’exerçaient des actions de répulsion.
Pour clarifier ces observations, ont été construits des accumulateurs
d’électricité, tels que les bouteilles de Leyde (les prototypes des condensa-
teurs modernes), et des machines électrostatiques productrices d’électricité,
telles que celle de Jesse Ramsden. En exploitant le frottement de disques de
verre tournant sur du cuir, ces machines constituées de métal isolé étaient
capables de générer des différences de potentiels de centaines de milliers de
volts, et de provoquer des étincelles longues de plusieurs dizaines de centi-
mètres. Les recherches de Henry Cavendish (1731-1810) et de Charles-Au-
gustin de Coulomb (1736-1806) finirent par faire de l’étude de l’électricité
une nouvelle branche de la physique mathématique naissante. C’est à eux
qu’on doit notamment la démonstration (réalisée entre 1770 et 1780) que les
charges électriques s’attirent ou se repoussent avec une force proportionnelle
à l’inverse du carré de la distance, comme l’attraction gravitationnelle.
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