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Cela permettait même de décrire plus précisément le mouvement des
               astres, de sorte qu'une explication probante pouvait finalement être ap-
               portée à la régularité des mouvements de tout le Système solaire. Cette
               régularité s’expliquait par le principe de conservation de la quantité de
               mouvement, conséquence directe des nouvelles lois de la mécanique.

                 Toutefois, si l’on considérait des phénomènes relatifs à certains méca-
               nismes ou corps qui se trouvaient sur Terre, et qui étaient sujets à d’inévi-
               tables frottements, leur quantité de mouvement semblait progressivement
               diminuer. Plus encore, on se rendit compte que toute tentative de produire
               un mouvement perpétuel, c’est-à-dire un mouvement capable de continuer
               indéfiniment, ou même de croître dans le temps de façon à produire des
               effets utilisables du point de vue pratique, étaient nécessairement destinée
               à échouer. Ce constat semblait confirmer en outre une opposition entre la
               caducité constatée des phénomènes terrestres et l’éternité supposée des
               phénomènes célestes.
                 Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) fut le premier à ne pas accepter
               ces conclusions, en s’opposant ainsi à Newton, qui croyait à l’inévitable
               tendance à l’arrêt de tout mouvement, et donc à la nécessité implicite d’une
               intervention continue (d'un dieu) pour maintenir en vie l’Univers.

                 Leibniz soutint le principe d’une conservation de la force vive de tout
               mouvement, mouvement qu’il définissait comme le produit de la masse
               du corps par le carré de sa vitesse. Pour lui, la perte de mouvement du
               corps n’était qu’apparente car la force vive n’était pas détruite par le frot-
               tement, mais se transformait simplement en une force intégrant des cons-
               tituants et des propriétés du corps lui-même.

                 Par exemple, si nous considérons la capacité de produire un effet quel-
               conque par un corps en mouvement (par exemple, la capacité de déformer
               un autre corps en le heurtant, ou de le pousser dans un sens, etc), cette
               capacité était proportionnelle à la force vive du corps et non pas à sa quan-
               tité de mouvement. Pour cette raison, Leibniz est considéré comme le pré-
               curseur de ce qui devait devenir le principe de conservation de l’énergie.

                 Mais tout n’était pas éclairci pour autant : si l’on considérait le choc entre
               deux corps libres de se mouvoir, le principe de la conservation de l’énergie
               mécanique (cinétique) se vérifiait différemment selon que le choc était élas-
               tique ou inélastique, tandis que le principe de conservation de la quantité de
               mouvement continuait à valoir dans les deux cas. Cette différence suscita
               un long débat entre les partisans de chacun des deux principes.



               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      381
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