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Le monde cartésien était essentiellement mécaniste, comparable à une
          horloge, et ce monde était rempli de matière, consubstantielle à l’espace.
          Dans ce monde, les mouvements des corps se transmettaient d’un corps à
          l’autre à travers des contacts directs (par exemple, des chocs) ou indirects
          (par exemple, des pressions exercées par des flux ou des corps interposés).

             Et dans cet ensemble de chocs et de pressions, une chose était présumée
          certaine : la quantité de mouvement se conservait toujours, au motif que
          Dieu ayant créé la poussée initiale, le reste ne pouvait que continuer ainsi.
             Malgré ce théisme limitant, Descartes n’a pas été seulement le fonda-
          teur d’une nouvelle conception mécaniste du monde, il fut aussi l’auteur
          d’importantes  découvertes  mathématiques  (nous  utilisons  encore  les
          coordonnées cartésiennes, c’est-à-dire x, y et z). Et il fut l’auteur d’impor-
          tantes recherches expérimentales en hydrostatique et en optique, dans les-
          quelles il établit avec exactitude les lois de la réflexion et de la réfraction
          de la lumière. Mais sa propre conception mécaniste, partiellement méta-
          physique tout en se prétendant non spiritualiste, suggérait des hypothèses
          sur certains phénomènes qui pourraient aujourd’hui apparaître fantaisistes.

             En réaction, cela poussait parfois utilement d’autres savants à effectuer
          des expériences pour les vérifier. Et à l’occasion de ces expériences, les mo-
          dèles mécanistes mis à l’épreuve pouvaient révéler, et d’une certaine façon
          illustrer, des processus cachés, attachés à tel ou tel phénomène étudié.
             Descartes en donnait un exemple lui-même en critiquant les théories
          spiritualistes proposées par ses prédécesseurs dans l’interprétation des phé-
          nomènes magnétiques, lorsqu’ils imaginaient qu’entre les pôles d’un aimant,
          il y avait un flux continu de matière, permettant de ramener les attractions
          et les répulsions magnétiques à des phénomènes dus au mouvement, et à la
          collision réciproque, de parties invisibles de la matière microscopique.
             Car la philosophie mécaniste cartésienne rejetait toute forme d’action
          à distance, et niait l’existence du vide. En outre, elle abolissait toute dis-
          tinction essentielle entre les éléments naturels, en vertus de leurs qualités
          aristotéliciennes. Toutes les substances étaient supposées composées de
          corpuscules matériels qui différaient seulement par leur forme.
             En particulier, la légèreté et la pesanteur n’étaient pas selon Descartes
          des propriétés absolues des éléments, mais des effets des mouvements
          des différentes parties de la matière. La découverte du fait que l’air avait
          aussi un poids allait donc prendre une importance particulière dans la
          réflexion scientifique de l’époque.



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