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En même temps, on pouvait réfléchir aussi au fait que, s’il n’y avait
          pas  eu  de milieu  résistant, le  corps  aurait  poursuivi  indéfiniment  son
          mouvement dans la direction du lancer. Une observation qui allait dé-
          boucher plus tard sur la formulation du principe d’inertie.
             Finalement, les emprunts des savants du 16 ème  et du 17 ème  siècles aux
          travaux de leurs prédécesseurs médiévaux ont été plus fructueux qu’on
          pourrait l’imaginer, au point qu’on ne peut pas parler de rupture mais de
          transition des uns aux autres. Le terrain principal où eut lieu la relance
          scientifique post-médiévale fut une nouvelle fois l’astronomie, bien do-
          cumentée depuis l’Antiquité, au point que Nicolas Copernic put étayer
          sa théorie par des observations de Claude Ptolémée (90-168). Copernic,
          savant typique de la Renaissance, pensait que sa conception du monde
          était vraie, parce qu’il était convaincu qu’elle était issue de l’âge d’or grec.

             Mais dans d’autres branches d’activité aussi, depuis les manipulations
          alchimiques  jusqu’aux  savoir-faire  artisanaux,  pratiques,  et  quotidiens,
          d’autres principes se référaient tout autant à des fondements hérités et
          transmis d’un riche passé. Et même des expériences astrologiques, caba-
          listiques, hermétistes, avaient pour référence, par exemple, l’idée pytha-
          goricienne de l’essence numérique de la réalité, et de son organisation,
          selon des principes spirituels d’ordre géométrique.
             Ces idées pythagoriciennes ont gardé une place dans l’héritage mé-
          thodologique qui s’affirma et évolua dans les avancées scientifiques de la
          Renaissance européenne. Et de manière plus générale, il est patent que
          l’évolution  scientifique  de  cette  Renaissance  n’aurait  pas  eu  la  même
          force sans les recherches et les acquisitions transitoires médiévales de la
          mécanique,  des  mathématiques,  de  la  logique  et  de  l’optique,  servant
          elles-mêmes de vecteurs actifs de transmission de savoirs plus anciens.

             Pour s’en convaincre, il suffit de prendre l’exemple d’un savant tel que
          Léonard de Vinci (1452-1519), un génie renommé, mais au sujet duquel les
          recherches historiques ont permis de comprendre qu’il ne fonctionnait pas
          mentalement comme un savant ou un ingénieur moderne. En effet, son
          génie et ses recherches ne peuvent être bien compris que si Léonard de
          Vinci est replacé dans le contexte d’une période où le concept de science
          était différent de celui du 20 ème  siècle. Le Léonard savant ne peut pas être
          séparé du Léonard artiste, parce qu’à son époque la science et l’art étaient
          tous  deux considérés comme des formes complémentaires de connais-
          sance du monde, héritières d’un passé. Ce qui n'empêche pas Léonard de
          Vinci d'apparaître aussi comme une figure de transition et de rebond.



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