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Mais sa vision cosmologique, encore rudimentaire, se fondait sur une dis-
tinction imparfaite entre le haut et le bas, en vertu de laquelle la Terre avait
besoin d’un support. Et il la décrivait comme plate dans sa partie habitée.
Même son meilleur disciple, Anaximandre, représentait les terres émergées
habitées comme la partie supérieure d’un cylindre dont la hauteur ne dépas-
sait pas un tiers de la largeur. Sa représentation des étoiles était tout aussi
rudimentaire, en tant qu’orifices pratiqués dans l’intérieur de la jante de
grandes roues pleines de feu, qui tournaient constamment autour de la Terre.
De leur côté, les pythagoriciens, impressionnés par l’extraordinaire régu-
larité des mouvements célestes, y étudièrent plus finement les rapports nu-
mériques calculés entre les périodes et les distances, y cherchant même des
corrélations avec des accords musicaux (on leur doit l’idée de l’harmonie de
l’Univers). L’une de leurs principales préoccupations était celle de la Grande
Année, c’est-à-dire de la période de temps minimum nécessaire pour que
l’ensemble des astres observables retrouve la même configuration. Une con-
tribution majeure des pythagoriciens a consisté à théoriser la sphère comme
une forme astrologique typique, y compris pour la Terre, suspendue au
centre de l’Univers (sans qu’il n’y ait plus, par conséquent, de distinction ab-
solue entre le haut et le bas). La perfection présumée du mouvement circu-
laire présidait au mouvement de tous les corps de la voûte céleste.
Avant cela, l’école platonicienne, avec en particulier Eudoxe de Cnide
(408-355 avJC), avait déjà attribué à l’Univers une forme semblable, puisque
ses modèles portaient à ramener les mouvements apparents observés dans
le ciel à des mouvements circulaires parfaitement réguliers. Dans ce but,
Eudoxe imaginait un Univers fait de sphères tournantes concentriques, les
sphères célestes, où la sphère des étoiles fixes renfermait l’Univers entier, et
où la durée de sa rotation la plus régulière était la durée du jour sidéral.
Le Soleil, la Lune et les planètes, appelés astres errants, y accomplis-
saient toutefois des mouvements plus complexes. Pour Eudoxe, le pro-
blème était de connaitre le nombre et la nature des sphères célestes tour-
nantes, et de comprendre leur interdépendance selon leurs mouvements.
De son côté, Aristote a maintenu la conception des platoniciens concer-
nant la distinction entre ciel et Terre. Pour lui, le mouvement circulaire
était une propriété naturelle des corps célestes (et de leur quintessence,
l’éther), lesquels étaient distincts des corps terrestres, composés de quatre
éléments, et qui se mouvaient selon un mouvement naturel rectiligne. Sur
ces points, les différences entre Aristote et Eudoxe tenaient au nombre des
sphères célestes (27 pour Eudoxe contre 55 pour Aristote), et dans l’affir-
mation que chacune d’entre elles disposait de son propre moteur.
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