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Et l’objet en acte pouvait continuer à être une nouvelle chose en puis-
          sance. Par conséquent, la matière possédait en puissance à chaque moment
          les formes qu’elle posséderait ensuite en acte. Et pour chaque changement,
          il existait initialement deux causes : une cause matérielle et une cause for-
          melle. En vertu de la cause matérielle, l’objet était évident mais peu con-
          naissable, et en vertu de la cause formelle, l’objet était mieux définissable.
          Puis, pour pouvoir devenir un objet en acte, l'objet était déterminé par
          deux causes complémentaires : une cause efficiente et une cause finale.
             Les deux premières causes (matérielle et formelle) existaient hors du
          temps, et les deux autres agissaient dans le temps. La cause finale  était
          l’agent de réalisation de la fin à atteindre, jusqu'à ce qu’elle soit atteinte. À
          travers elle, l’objet prenait telle forme et non pas telle autre, car de la sorte,
          il atteignait mieux son but (par exemple, les poumons avaient leur forme
          parce qu’ils étaient faits pour respirer). La cause efficiente était le moyen
          qui permettait à la cause finale d’agir, ou bien qui en empêchait l’action.
             Si une fleur était destinée à devenir fruit afin de permettre la repro-
          duction de la plante, elle était formée de façon à réaliser ce but, mais elle
          ne  pouvait pas  l’atteindre  sans l’abeille,  c’est-à-dire  sans  la  cause  effi-
          ciente, qui par le fait de butiner lui apportait le pollen d’autres fleurs. Les
          quatre  éléments,  dans  leurs  différentes  combinaisons,  constituaient la
          cause constitutive de tous les objets sublunaires. C'étaient des substances,
          dans la mesure où ils avaient une forme qui leur assignait des qualités
          essentielles (chaud, froid, sec, humide), et sur la base desquelles ils avaient
          chacun des propriétés spécifiques. Les mouvements ou les changements
          pouvaient être substantiels (génération et corruption), qualitatifs (dessè-
          chement, réchauffement, etc.), quantitatifs (augmentation, diminution),
          et locaux (déplacement, éloignement, rapprochement, etc.).
             Les changements se distinguaient en phénomènes, soit provoqués (qui
          avaient besoin d’une cause efficiente), soit naturels (qui se produisaient
          spontanément sur la base de leur cause finale). Les changements locaux
          naturels, pour les substances sublunaires, étaient le mouvement vers le bas
          ou vers le haut, selon que dans leur composition prédominaient des subs-
          tances lourdes (l’eau et la terre) ou légères (l’air et le feu). Le mouvement
          circulaire était considéré comme un mouvement parfait, parce qu’il n’avait
          ni début ni fin, notamment pour les sphères célestes et l’éther. Il existait
          donc une hiérarchie des mouvements, où le mouvement rectiligne était
          un mouvement moins parfait que le mouvement circulaire, car il devait
          avoir un début et une fin. La substance la plus parfaite, la quintessence,
          c’est-à-dire l’éther, ne pouvait avoir qu’un mouvement circulaire.


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