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LA PHYSIQUE ANCIENNE





                     Nous avons vu dans les exposés précédents à quel point la culture de la
               Grèce ancienne avait marqué les civilisations et les cultures, jusqu'aux temps
               modernes. En relisant les textes par lesquels les anciens savants et philo-
               sophes grecs formulaient leurs théories, il apparait que leur façon d’argumen-
               ter était déjà assez semblable à celle de nombreux chercheurs plus modernes.
               Les uns et les autres essayaient de justifier des théories sur la base de l’expé-
               rience, cherchaient à tirer des conséquences logiques de leurs prémisses, et
               croyaient à l’utilité de partager leur savoir, pour mieux l’éprouver.

                 Mais il n’en avait pas toujours et partout été ainsi. Depuis l'antiquité,
               certains notables avaient pensé que le savoir ne pouvait être compris et pos-
               sédé que par quelques "élus". Supposé émaner de pouvoirs externes mysté-
               rieux, il ne pouvait pas être formulé de façon claire et rationnelle, il ne pou-
               vait pas être découvert par la recherche, mais seulement transmis parmi une
               élite. L’accaparement élitiste a constitué très tôt un handicap socio-culturel.

                 Les confiscateurs du savoir étaient souvent des prêtres ou des oracles,
               qui étaient initiés à un héritage secret et mystérieux, non communicable à la
               plèbe, et que presque personne n’avait le droit de contester. Transgressant
               cela, le savant grec (surtout à partir de l’école Ionienne) a préféré trans-
               mettre et discuter plus ouvertement. Entouré de disciples, d’amis et de col-
               lègues, il critiquait et il était critiqué, et il admettait le cas échéant s’être
               trompé. Il était convaincu de pouvoir progresser et conclure, sur la nature
               du monde qui l’entourait, par le raisonnement et les observations.
                 Évidemment, ce savant de la Grèce antique n’avait pas encore les con-
               naissances, les outils, et l’organisation des chercheurs spécialisés des temps
               modernes. Et à son époque, il n’y avait pas de disciplines scientifiques cloi-
               sonnées, telles que nous les connaissons depuis le 20 ème  siècle. On ne dis-
               tinguait pas la physique de la chimie et de la biologie. La physis était la
               nature en général, considérée comme un ensemble de choses et de subs-
               tances en interactions réciproques, et par conséquent, en changement.




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