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Archimède (287-212 avJC) avait mené de son côté une démarche con-
          ceptuelle différente. Il n’était pas seulement mathématicien, il était aussi l’un
          des premiers savants à pratiquer une méthode expérimentale. Il a été consi-
          déré comme l’inventeur de nombreux dispositifs, de la vis sans fin jusqu’aux
          célèbres miroirs brûlants qui auraient été utilisés dans la défense de Syra-
          cuse, sa ville natale. Mais ses contributions à la statique et au problème du
          flottement des corps sont plus intéressantes d’un point de vue scientifique.
          Par exemple avec le principe du levier (il aurait dit : donnez-moi un point
          d’appui et je soulèverai le monde), et aussi l’utilisation de la balance, l’équi-
          libre des corps lourds (il formula clairement le concept de centre de gravité),
          et l’explication des corps flottants sur la base du principe éponyme dit de la
          "poussée d’Archimède", qui établit que tout corps plongé dans un liquide
          reçoit, de la part de ce liquide, une force verticale dirigée de bas en haut,
          égale au poids du volume de liquide déplacé.
             Dans un cadre plus lointain, le cosmos avait une grande importance pour
          les anciens grecs, qui vivaient plus au contact du ciel étoilé que les humains
          du 20  siècle. Par les nuits claires, les rares et faibles sources d’éclairage
               ème
          nocturne les mettaient mieux en présence du mystère grandiose de la voûte
          céleste. Certains penseurs, ne voulant pas admettre que les étoiles étaient
          distribuées au hasard, imaginèrent dans leur disposition et dans leur mouve-
          ment visibles des signes chargés de sens pour les destinées humaines. Mais
          la plupart gardaient toutefois des préoccupations plus terrestres, liées surtout
          à l’agriculture et à la navigation, qui les portaient à définir des moments pro-
          pices (pour semer, appareiller, pêcher, vendanger, etc.), ce qui les amenait à
          organiser et à mesurer le temps, en repérant soigneusement la durée des
          cycles que l’on observait : le jour, le mois, l’année, les saisons.
             La  culture  scientifique  grecque  admettait  pragmatiquement  aussi  des
          contributions de l’astronomie babylonienne, égyptienne, indienne, et chi-
          noise. Ainsi, la pratique scientifique des anciens Grecs pouvait rechercher
          une compréhension, à la fois globale et précise, des phénomènes de l’Uni-
          vers, où la physis et le kosmos étaient distincts mais complémentaires. La
          physis était la nature, dans sa multiplicité, sa vitalité spontanée, dans sa capa-
          cité à croître et à se développer, et dans sa caducité et sa mortalité. Le kosmos
          était ordre immuable, proportion, symétrie, stabilité, immortel. L’astronomie
          étant une branche des mathématiques, l’astronome grec antique était donc à
          la fois mathématicien (mathematikos) et physicien.
             D’intéressants  résultats  d’observation  astronomique  sont  venus  de
          l’école ionienne. L’histoire dit que Thalès aurait prévu l’éclipse de Soleil de
          585 avJC, et qu'en conséquence on fit de lui l’un des sept sages grecs majeurs.


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