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LES MATHÉMATIQUES MODERNES





                    Compte tenu de la réorganisation des mathématiques à la fin du 19 ème
               siècle, le début du 20 ème  siècle s’est ouvert sur de nombreuses discussions
               quant à leur orientation future. Comme nous l’avons vu précédemment,
               une divergence des motivations et des projets avait résulté de l’abstrac-
               tion croissante des concepts et des méthodes. En fait, alors que certains
               mathématiciens travaillaient de plus en plus abstraitement, d’autres insis-
               taient sur la nécessité de préserver les parties intuitives des mathéma-
               tiques, et leurs connexions avec des outils pratiques, voire empiriques, y
               compris de type physique ou géométrique.
                 À la fin du 19 ème  siècle, Georg Cantor (1845-1918) et Julius Dedekind
               (1831-1916) avaient analysé et commenté certaines idées fondamentales
               du raisonnement mathématique. Ils avaient étudié en particulier les pro-
               priétés des ensembles d’entités mathématiques, qu’il s’agisse des nombres
               ou d’autres objets (comme l’ensemble des polynômes ou des fonctions
               de variable réelle). Cantor s’intéressait en particulier aux ensembles infi-
               nis, qui exprimaient la notion d’infini actuel, à la différence de l’infini
               potentiel, auquel on se référait quand on parlait d’un nombre aussi grand
               que l’on voulait. Et il parvint à une première classification apparemment
               convaincante des différents domaines conceptuels infinis.
                 Il avait remarqué que l’ensemble de tous les nombres naturels et celui
               de  tous  les  naturels  pairs  avaient  le  même  nombre  infini  d’éléments,
               comme on pouvait le vérifier en établissant une correspondance qui as-
               sociait un à un les éléments de ces ensembles. Il montra aussi que l’en-
               semble des nombres réels avait, par contre, une infinité d’éléments, plus
               grande donc que celle des entiers naturels et des entiers relatifs, car il
               n’était pas possible d’y établir une correspondance biunivoque, bien que
               l’ensemble des nombres réels contienne les deux ensembles de nombres.
                 Les idées de Cantor furent critiquées parce qu’elles étaient considé-
               rées comme de nouvelles abstractions inutiles et dépourvues de sens.




               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      349
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