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Ils se demandèrent finalement dans quelle mesure cette science avait
un avenir aussi évident et central, face notamment à l’essor parallèle et
mieux canalisé de la physique. D’autres confrères leur répondaient avec
confiance que les mathématiques, qui avaient déjà surmonté beaucoup
de crises et de transformations, gardaient leur capacité à apporter des
solutions aux problèmes qui se présenteraient en entrant dans le 20 ème
siècle. Ils ne considéraient pas ce flottement temporaire comme problé-
matique, et ils imaginaient positivement les effets de la créativité poten-
tielle croissante des nouveaux mathématiciens.
L’opinion publique semblait rester convaincue pour sa part de l’impor-
tance des mathématiques dans l’ingénierie et dans les secteurs de la con-
naissance qui contribuaient au progrès et à la diffusion de la technologie et
de l’industrie, ainsi qu’à la modernisation économique et sociale.
Dans ces conditions, le nombre des contributeurs éduqués augmentait,
et ils s’organisaient. Si dans le passé la recherche mathématique ne s’était
développée que dans quelques grandes structures, on sentait un nouveau
besoin d’établir un réseau de contacts entre tous ceux qui étaient intéressés
par les mathématiques, dans de plus en plus de pays : professeurs univer-
sitaires et de lycée, actuaires, ingénieurs civils et industriels, militaires, etc.
C’est ainsi que se multiplièrent des sociétés mathématiques en France, en
Angleterre, en Allemagne, mais également dans d’autres pays du sud et de
l’est de l’Europe, ainsi qu’aux États-Unis, qui à cette époque commençaient
à consolider leur présence dans la science internationale.
On assista en outre à la création, dans plusieurs pays, de revues con-
sacrées spécifiquement aux mathématiques. Ce qui favorisa la mise en
place d’un réseau de spécialistes entretenant des rapports transversaux
d’un pays à l’autre. En 1897, se tint à Zurich le premier congrès interna-
tional des mathématiciens. Cela devint une habitude, entretenue depuis,
d’organiser tous les quatre ans de grandes réunions scientifiques pour
permettre aux participants de se rencontrer, de discuter et de s’informer
de l’évolution de la recherche. L’essentiel était donc en place pour les
évolutions majeures qui allaient intervenir dès le début du 20 ème siècle.
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