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En revanche, elle devenait continue si l’on prenait en considération
          d’autres nombres, parmi lesquels les irrationnels, comme, par exemple,
          la  racine  de 2,  dont l’expression  décimale  n’est  pas périodique.  L’en-
          semble de tous les nombres qui la remplissaient de façon continue a été
          appelé depuis lors l’ensemble des nombres réels, dont la représentation
          abstraite mais calculable a été obtenue à la fin du 19 ème  siècle.
             Les algébristes, pour trouver les solutions de leurs équations, avaient
          déjà eu recours à de nouveaux types de nombres, comme les racines car-
          rées de nombres négatifs, dites aussi nombres impossibles ou nombres
          imaginaires. Le plus célèbre de ces nombres était V-1, à partir duquel s’écri-
          vaient tous les nombres de ce genre. Gauss démontra que, même en utili-
          sant ces nombres complexes, il était possible de démontrer le théorème fon-
          damental de l’algèbre, lequel affirmait que toute équation de degré n avait
          exactement n solutions. Au cours du 19  siècle, l’utilisation de ces nombres
                                          ème
          fut progressivement clarifiée et on étudia aussi les fonctions dont la variable
          ne représentait pas un nombre réel x, mais un nombre complexe z. Pourtant,
          malgré l'apport de Cauchy, ces travaux ne réglaient pas encore tout.
             On pouvait remarquer qu'un théorème fondamental disait combien il
          y avait de solutions, mais sans expliquer comment les calculer. C’est no-
          tamment pourquoi le vieux problème consistant à trouver une formule
          générale  pour  la  solution  racines  énièmes  d’une  équation  algébrique,
          comme pour les quadratiques, cubiques, et biquadratiques, était resté ir-
          résolu. Le fait que l’algèbre ait été négligée au 18 ème  siècle en faveur du
          calcul infinitésimal n’arrangeait pas les choses. En l’absence de méthodes
          exactes pour résoudre les équations de degré supérieur à quatre (c’est-à-
          dire en l’absence d’une formule générale), de nombreux mathématiciens
          utilisaient donc des méthodes approchées, dites numériques, c'est-à-dire
          utilisant des opérations sur les coefficients numériques des équations.
             Il y eut finalement une initiative pour expliquer de façon théorique
          pourquoi il n’était pas possible de trouver une solution générale. En 1826,
          un mathématicien norvégien, Niels Henrik Abel (1802-1829) démontra
          effectivement l’impossibilité de résoudre l’équation de cinquième degré
          par racines énièmes, mettant ainsi un point final à ce chapitre des re-
          cherches mathématiques, et aux travaux directement liés.
             Après lui, Evariste Galois (1811-1832) jeta pourtant les bases d’une
          étude théorique abstraite des rapports entre les solutions des équations
          algébriques et les ensembles numériques dans lesquels étaient définis les
          coefficients des équations elles-mêmes.



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