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Dans  le  langage  des  équations  différentielles,  il  était  déjà  possible
               d’écrire  les  lois  de  nombreux  phénomènes  mécaniques,  comme  par
               exemple celui des cordes vibrantes (telles que les cordes des instruments
               musicaux). La route étant ouverte, de plus en plus d'applications ont été
               développées, connexes à la théorie des équations différentielles, comme
               la théorie des séries infinies, et le calcul des variations, d’où un nouveau
               secteur de recherche, appelé analyse mathématique, s'est constitué.
                 Les méthodes de cette nouvelle analyse, appliquées dans le domaine
               des phénomènes physiques, et inspirées des modèles de la mécanique,
               ont combiné deux phases complémentaires : une analyse empirique des
               forces qui déterminaient les phénomènes, puis une analyse mathématique
               des équations différentielles qui décrivaient l’évolution dans le temps de
               ces phénomènes. Au cours du 19  siècle, ce type d’analyse a pu être
                                            ème
               étendu à de nombreux autres domaines, comme celui de la thermodyna-
               mique, donnant ainsi naissance à la physique mathématique. Cette disci-
               pline, même si son objet premier a été l’étude des phénomènes physiques,
               se caractérisait donc par une approche préférentiellement centrée sur les
               méthodes de l’analyse mathématique. Plusieurs savants ont contribué à
               cette démarche novatrice, parmi lesquels on  distinguait les  disciples de
               Leibniz en Suisse, les Bernoulli, et surtout Leonhard Euler (1707-1783), un
               mathématicien parmi les plus réputés, auteur d’importants traités dans les-
               quels il analysait de façon ordonnée des décennies d’intenses recherches.
                 Le nombre des savants de diverses disciplines intéressés par l’étude et
               par l’application de ces nouvelles mathématiques augmenta donc au 17 ème
               et au 18  siècles. Il s’agissait de personnes à l’esprit incisif et de grande
                     ème
               ouverture culturelle, qui souvent voyageaient pour étudier et compléter
               leur formation, et dont certains étaient admis au sein des grandes cours
               européennes. Leurs intérêts n’étaient pas uniquement théoriques, mais par-
               fois aussi inspirés par les problèmes posés par de nouveaux développe-
               ments technologiques, auxquels ces mathématiques semblaient pouvoir of-
               frir des solutions efficaces. C’est ainsi, par exemple, que la nécessité d’ob-
               tenir la configuration d’une voile qui exploiterait au mieux la force du vent
               fut à l’origine d’études sur les surfaces maximales et minimales, et de là,
               d’une importante branche du calcul des variations dynamiques.
                 Nombre de ces savants étaient en contact les uns avec les autres ; ils
               échangeaient des correspondances, et ils organisaient des réunions pour se
               communiquer leurs idées et leurs résultats. L’utilité de favoriser ces échanges
               stimula finalement aussi la constitution d’académies scientifiques.



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