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Dans son œuvre Mysterium Cosmographicum, publiée en 1596, il affirmait
prudemment - pour désamorcer les réactions cléricales -avoir reçu une révé-
lation divine du secret cosmique et du dessein de l’Univers l’année précé-
dente. Selon cette révélation, le Soleil se trouvait au centre d’une configura-
tion de sphères parcourues par les orbites planétaires, et disposées de façon
à circonscrire les cinq polyèdres réguliers de la géométrie euclidienne.
La sphère de Mercure y était circonscrite à un octaèdre, contenu dans
l’orbite de Vénus, lui-même circonscrit à un icosaèdre, contenu dans l’or-
bite de la Terre. L’orbite de la Terre était circonscrite à un dodécaèdre,
qui à son tour était contenu dans l’orbite de Mars, circonscrit à un té-
traèdre, contenu dans l’orbite de Jupiter, circonscrit lui-même à un cube
contenu dans la sphère de Saturne.
Mais par la suite, Kepler allait modifier profondément l’esprit de ses
recherches, en abandonnant toute approche mystico-platonicienne. En
1600, il fut appelé à Prague par Tycho Brahe, lequel s’opposait aux ap-
proches purement spéculatives, et prônait un renouvellement de l’astro-
nomie fondé sur des observations précises. Brahe chargea Kepler de dé-
velopper de nouvelles observations sur le parcours de Mars dans la voûte
céleste. Mais malgré les laborieux calculs effectués par Kepler, il ne lui
fut pas possible de les faire concorder avec une orbite circulaire, ni de la
reconstruire en utilisant de petits arcs de circonférence.
Finalement, en 1609, Kepler trouva et publia la solution de cette
énigme dans son Astronomia nova. Sa déduction était que les planètes dé-
crivaient des orbites elliptiques, de sorte que le Soleil se trouvait en l’un
des foyers de l’ellipse, et que la droite qui reliait le Soleil à la planète ba-
layait des aires égales en des temps égaux. Ces résultats ont été connus
sous le nom de première et deuxième lois de Kepler.
La troisième loi (qui établissait que le carré de la période de révolution
de chaque planète était égal au cube de sa distance moyenne au Soleil) fut
exposée dans son traité Harmonices Mundi, publiée en 1619, dans lequel
Kepler maintenait quelques positions néoplatoniciennes. Kepler eut le
courage de les défendre dans une période de controverses philosophico-
religieuses âpres (et parfois sanglantes), en réaffirmant la légitimité des
arguments rationnels dans les recherches de philosophie naturelle, mal-
gré les avis des autorités théologiques. Ce même esprit a inspiré Galilée
(1564-1642), mais sous une plus forte menace de l’Église catholique.
Comme Kepler, Galilée préféra à son tour déclarer prudemment que le
livre de la nature lui avait été inspiré par Dieu dans le langage mathématique.
Marc CARL Eco-Savoirs pour tous rev.1.4 fr © LEAI 331