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Au 12 ème  siècle, d’importantes œuvres antiques, surtout grecques, fu-
               rent enfin réintégrées grâce aux activités d’écoles de traducteurs qui opé-
               raient en Espagne et en Sicile, terres d’échange avec la culture arabe. C’est
               ainsi qu’Adélard de Bath, originaire d’Angleterre, put traduire les Éléments
               d’Euclide et l’Almageste de Ptolémée. Des œuvres arabes complémen-
               taires furent traduites elles aussi en latin. Par exemple, Robert de Chester
               traduisit celles d’al-Kharezmi sur les nombres indo-arabes et sur l’algèbre.
                 Cette période connut en outre un retour de l’aristotélisme, mais pas en-
               core suffisamment pour rétablir un intérêt fort pour les mathématiques. Le
               dominicain Albert le Grand disait que "nombre des figures des géomètres
               ne se trouvent en aucune façon dans les corps naturels, et de nombreuses
               figures naturelles, en particulier celles des animaux et des plantes, ne sont
               pas déterminables au moyen de l’art de la géométrie". Malgré cela, un intérêt
               pour les mathématiques restait entretenu, et enseigné, même s’il était mo-
               dérément pratique, et prudemment conforme aux dogmes religieux.
                 Les questions les plus traitées dans les universités d’Oxford et de Pa-
               ris, par exemple, concernaient la nature du nombre et de la quantité, le
               concept de pair et d’impair, ainsi que des aspects logiques et méthodolo-
               giques de la géométrie. Mais à partir du 14 ème  siècle, certains savants com-
               mencèrent, en complément, à s’intéresser à la mécanique, c’est-à-dire à
               une branche qu’Aristote avait placé à mi-chemin entre les mathématiques
               et la philosophie naturelle.

                 Cette  tendance  contribua  progressivement  à  atténuer  la  séparation
               entre le savoir spéculatif et le savoir pratique (qu’on appelait aussi arts
               mécaniques).  Et  ceci  d’autant  mieux  qu’à  partir  du  siècle  précédent,
               avaient été publiés en Italie, en France et en Angleterre, des traités de géo-
               métrie  pratique,  dans  lesquels  étaient  étudiés  des  problèmes  concrets,
               comme l’usage de l’astrolabe et de l’équerre, pour la mesure du sol ou dans
               la construction de jauges, et la façon de les utiliser pour la mesure du vo-
               lume des tonneaux. Ces traités, même remplis de recettes empiriques et
               parfois même de simples relations géométriques intuitives, n’avaient pas
               seulement une utilité pratique, ils étaient utilisés aussi comme supports
               d’enseignements dans les universités. Ce qui s'est révélé très utile.
                 Car certains permettaient d’élever  réellement le niveau des  connais-
               sances mathématiques, même s’ils exposaient des procédés surtout pra-
               tiques, utilisant des constructions géométriques à la règle et au compas.
               C’est le cas, par exemple, de la Praticae geometricae de Leonardo Fibonacci
               (v. 1170-1250) et de l’Ars mensurandi du Français Jean de Murs.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      327
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