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Les Arabes ne concevaient pas les nombres négatifs, mais ils savaient
          manier les quantités irrationnelles, en particulier en géométrie et en tri-
          gonométrie, et ils contribuèrent efficacement à la résolution numérique
          approchée des équations algébriques.
             Même s’ils tentèrent sans succès de résoudre algébriquement l’équa-
          tion du troisième degré, ils réussirent à en obtenir une solution par voie
          géométrique. Ils y pensèrent en tentant de résoudre différents problèmes
          de construction hérités des Grecs, parmi lesquels des problèmes célèbres
          comme la duplication du cube, la trisection de l’angle, et la construction
          de polygones réguliers inscrits dans le cercle, qui ne pouvaient pas être
          résolus  au  moyen  d’une  règle  et  d’un  compas,  et  qui  en  termes algé-
          briques donnaient lieu à des équations du troisième degré.
             Ailleurs, pendant qu'en terres d'islam, ainsi qu’en Chine, et en Inde, les
          mathématiques étaient étudiées de manière approfondie, l’Occident chré-
          tien traversait une longue période de moindre intérêt pour les recherches et
          les constructions théoriques. Le progrès conceptuel y était ralenti.
             À Byzance, certains savants de langue grecque publièrent des commen-
          taires d'œuvres classiques, mais la culture byzantine imprégnée de fonda-
          mentalisme chrétien s’intéressait moins qu'avant à l’habileté théorique des
          anciens. Et dans les royaumes ouest-européens, l’enseignement des mathé-
          matiques (exercé d’abord dans des écoles ecclésiastiques puis, à partir du
          12  siècle, dans des universités) était organisé selon la classification intro-
            ème
          duite par Boèce, noble romain du 6  siècle, conseiller du roi ostrogoth
                                         ème
          Théodoric. Boèce avait écrit quatre traités, Aritmetica, Geometria, Astronomia,
          et Musica, dont les matières formaient le Quadrivium, et dont le contenu se
          référait aux parties essentielles des grands traités classiques.

             À côté de cela, les matières du Trivium (grammaire, logique et rhéto-
          rique) constituaient ce qu’on appelait les arts libéraux (ou triviaux), qui
          faisaient l’objet d’études  préférentielles au Moyen Âge. Les mathéma-
          tiques étaient cependant orientées vers un rôle de guide de l’intelligence
          vers la contemplation des choses supérieures (principalement religieuses)
          permettant d’apprécier la structure du monde, que Boèce, après Pytha-
          gore, comparait à une harmonie musicale. Mais même si les doctrines
          platoniciennes  et  néoplatoniciennes,  introduites  dans  la  pensée  chré-
          tienne par Saint Augustin, avaient eu une certaine influence sur la culture
          du début du Moyen Âge, cette culture manifestait encore une préférence
          marquée pour les disciplines du Trivium, négligeant celles du Quadri-
          vium, en partie en raison de l’absence de textes suffisants.


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