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En 830, Muhammad ibn Musa al-Kharezmi (connu sous le nom latinisé
               d’Algorizmi, origine du mot algorithme), écrivit un traité pour expliquer les
               nombres indiens, appelés ensuite indo-arabes. Cela mena au développe-
               ment de deux systèmes de symboles, dont l’un est encore un peu utilisé au
               Proche-Orient, mais dont l’autre, celui des nombres gubari (ou nombres
               de la poussière, parce que les calculs étaient faits sur un tableau couvert de
               poussière), s’est répandu en occident en passant par l’Afrique du Nord et
               l’Espagne, et en y amenant les symboles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 0.
                 En Orient, les astronomes continuèrent cependant longtemps à utili-
               ser le système d’écriture numérique de l’Almageste de Ptolémée, qui re-
               courait aux lettres de l’alphabet (grec, puis arabe) pour la partie entière,
               aux symboles grecs pour le zéro, et au système sexagésimal pour les frac-
               tions. Les Arabes appelaient le zéro sifr, qui signifie place vide (d’où pro-
               vient le mots chiffre). Mais l’innovation principale des mathématiques
               arabes fut le développement de l’algèbre (al jabr).
                 L’algèbre  est une partie  des mathématiques visant  à la  solution  des
               équations, qui s’est développée à partir de l’arithmétique. Comme nous
               l’avons vu, dès les temps les plus anciens, avaient été énoncés des pro-
               blèmes mathématiques dans lesquels on cherchait un nombre (un prix, une
               aire, un héritage) dont on connaissait certaines conditions, qui pouvaient
               être quantifiées dans une équation. Dès l’Antiquité, différentes professions
               avaient développé des règles et des recettes pour résoudre ces équations.

                 Diophante avait tenté de les formuler de manière structurée, et il avait
               introduit certains symboles pour écrire de façon abrégée les termes mis
               en équation. Mais les savants arabes réussirent à faire encore mieux. Al-
               Kharezmi n’utilisait pas de symboles, si bien que son algèbre a été appelée
               algèbre rhétorique, avec quoi il expliquait la façon par laquelle les diffé-
               rents problèmes mathématiques à résoudre correspondaient à six types
               fondamentaux d’équations de second degré. Et il indiquait comment les
               résoudre au moyen d’opérations de al-jabr (remplissage) et al-muqabala
               (mise en équilibre, en opposition), qui correspondaient à des transforma-
               tions élémentaires d’équations.

                 Pendant les siècles suivants, l’algèbre arabe connut un essor notable
               et devint une discipline théorique mature. Des savants comme al-Karagi
               et ses disciples, ainsi que le syrien Thabit ibn Qurrah, imaginèrent de
               nouvelles méthodes et tentèrent de démontrer les règles d’al-Kharezmi
               sur la base des Éléments d’Euclide, en ayant recours à des constructions
               géométriques, ou en se fondant sur une théorie des proportions.


               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      325
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