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En effet, à 21 ans, Lavoisier avait commencé à déterminer la quantité
          d’eau que perdait la pierre de gypse quand elle  était chauffée, et celle
          qu’elle absorbait, en sens inverse, quand on l’utilisait comme enduit sur
          les maisons de Paris. Puis à 24 ans, il avait parcouru la France de long en
          large, avec un hydromètre de précision qu’il avait lui-même conçu, pour
          mesurer le poids spécifique des différentes eaux du pays.
             Ces recherches avaient eu une utilité pratique, et elles étaient typiques
          des domaines d’intérêt des chimistes de cette époque, qui s’intéressaient
          aux activités industrielles liées à la géologie et à la minéralogie. Les résul-
          tats étaient publiés dans des études bien construites. En complément, le
          jeune Lavoisier commençait à utiliser une balance, non seulement pour
          analyser les minéraux, comme d’autres le faisaient, mais aussi pour véri-
          fier les lois fondamentales de la chimie. Et cela, personne ne l’avait fait
          jusqu’alors. Armé de sa balance de précision, il entreprit d'abord une vé-
          rification expérimentale systématique d’une théorie aristotélicienne à la-
          quelle Jan Baptiste Van Helmont et Robert Boyle avaient donné, au 17 ème
          siècle, une nouvelle autorité : l’interconvertibilité de l’eau et de la terre.
          Lavoisier résolut ce problème ancien par une expérience assez simple : il
          chauffa de l’eau contenue dans un récipient clos en verre, puis il la pesa,
          et il établit que la masse d’eau n’avait absolument pas changé, et que le
          résidu solide qu’il recueillit provenait seulement de la dissolution partielle
          du verre par l’eau.
             Par ce type d’expérience, Lavoisier non seulement contredisait la chi-
          mie d’Aristote, comme Galilée avait déjà contredit la physique du grand
          philosophe grec par l’expérience de la chute des corps, mais il posait aussi
          des bases d’études futures qui amèneront à définir la structure composite
          de l’eau, et à formuler le concept moderne d’élément chimique.
             Socialement, Lavoisier devint membre de la Ferme Générale, qui ac-
          cueillait les notables ayant reçu du gouvernement royal français le droit de
          percevoir les impôts appliqués aux aliments essentiels. Puis on lui confia la
          Direction  de  l’Administration  Royale  des  poudres.  Son  activité  sociale
          n’était donc pas moins importante que son activité professionnelle, et elle
          était plutôt non-conformiste. Il devint membre d’un nombre croissant de
          commissions, de conseils, de sociétés, engagés d’une façon ou d’une autre
          dans  l’amélioration  des  conditions  économiques  et  politiques  du  pays.
          Bref, il traitait de questions d’intérêt public, en y appliquant autant que
          possible des solutions scientifiques. C’est d’ailleurs en cherchant une solu-
          tion aux problèmes sociaux de l’éclairage public des rues de Paris que son
          attention fut attirée par la combustion du carburant des lampes.


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