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LA CHIMIE INTERMEDIAIRE




                    La substitution de la théorie de l’oxygène de Lavoisier à la théorie du
               phlogistique de Stahl marquait une avancée conceptuelle qui ouvrait une
               transition scientifique majeure. L’époque et les mentalités du 18 ème  siècle y
               étaient propices. Antoine Laurent de Lavoisier était né à Paris, en 1743, à
               un moment où la ville était traversée par l’esprit nouveau des Lumières.
               Même si Voltaire était sur le point de quitter Paris, la philosophie de la
               raison y avait déjà fait de nombreux prosélytes. Denis Diderot et Jean Le
               Rond d’Alembert étaient en voie de publier le premier volume de l’Ency-
               clopédie (1751). Et la science européenne de ce siècle s’affirmait comme
               un moteur vigoureux du progrès culturel et technique de ses principales
               nations, grâce à la contribution de nouveaux esprits d’avant-garde.

                 Par exemple, au concours de l’Académie de Dijon, en 1750, pour le
               meilleur essai sur le thème "Les arts et les sciences ont-ils apporté des progrès à
               l’Humanité ?" le premier prix avait été attribué à la réponse négative mais
               bien  argumentée  d’un  érudit  genevois  qui  montait  en  notoriété,  Jean-
               Jacques Rousseau. Le débat était vif, et les tensions sociales, à cette époque
               de changements rapides, étaient fortes. Lavoisier allait y prendre place.

                 La famille d’Antoine Laurent de Lavoisier avait connu une ascension
               sociale qui s’était achevée par un accès aux rangs de l’aristocratie. Con-
               formément à son rang, le jeune, Antoine Laurent obtint un diplôme de
               droit, selon la tradition de ses parents. Mais ses centres d’intérêt, dans
               l’esprit du temps, étaient plus vastes et éclectiques, et parmi les premiers
               d’entre eux figurait son intérêt pour les sciences naturelles.

                 Sa curiosité avait été aiguillée et guidée par les meilleurs maîtres dont
               disposait la France dans cette deuxième moitié du 18 ème  siècle : le bota-
               niste Bertrand de Jussieu, le chimiste Rouelle, et le minéralogiste Guet-
               tard. Et sa première recherche expérimentale avait montré d'emblée que
               le jeune apprenti-savant disposait déjà d’une méthode sérieuse.




               Marc CARL                    Eco-Savoirs pour tous    rev.1.4 fr         © LEAI      271
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