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Ainsi, en approfondissant son domaine d’intérêt principal, qui était
          l’étude de ce que Paracelse appelait chaos, ou gaz selon Van Helmont, et
          qu’il rebaptisa air, Boyle redécouvrit l’atomisme de Démocrite et de Leu-
          cippe, et il se laissa guider par ce qu’il définissait comme une philosophie
          corpusculaire. Boyle pensait que l’air, comme toutes les substances natu-
          relles, devait être formé de petites particules élémentaires (d’atomes) so-
          lides et physiquement indivisibles. Quant aux propriétés, tant physiques
          que chimiques, des substances naturelles, il considérait qu’elles étaient
          dues à la dimension et à la forme des agrégats constitués par ces particules
          qui s’aggloméraient, autant dans l'air qu'ailleurs.
             Selon lui, le mouvement, comme expression de l'énergie, conférait
          une dynamique à la matière, parce qu’il permettait aux particules de venir
          en contact, de se réorganiser et, par conséquent, de changer de proprié-
          tés. Ainsi, les réactions chimiques n'étaient qu’une restructuration, dans
          leur forme et dans leurs dimensions, d’agrégats de particules fondamen-
          tales. Ce qui était pour l’époque une avancée conceptuelle majeure.
             Il ajoutait que de grands ensembles de particules pouvaient participer
          aussi aux réactions chimiques, sans qu'il soit nécessaire qu’ils soient com-
          plètement dissociés pour donner naissance à une nouvelle réorganisation.
          Boyle faisait ainsi faire un saut qualitatif à la science chimique de son
          temps, non seulement parce qu’il cherchait à l’allier à la science physique,
          mais aussi parce qu’il créait les conditions pour qu’une nouvelle théorie
          scientifique de la combustion soit élaborée. Une première tentative sera
          effectivement engagée, avec la théorie du phlogistique. Et bien qu’erro-
          née, cette théorie sera la première théorie générale, fondamentale et com-
          plète, de la chimie. Analysons-la donc un peu plus en détail, car elle allait
          constituer une théorie dominante pendant au moins un siècle.
             Dans l’hypothèse de Boyle, le feu était une matière composée de toutes
          petites particules, animées d’un mouvement très rapide et tourbillonnant,
          ce qui permettait d’expliquer le dégagement de chaleur que produisait tout
          processus de combustion. Boyle s’aperçut aussi que, quand un métal était
          enfermé dans un récipient scellé en verre, et porté à une température élevée,
          ses propriétés changeaient : il se transformait en oxyde, et acquérait du
          poids. Il semblait évident, en concluait-il, que des petites particules de feu
          traversaient le verre et allaient remplir les interstices vides du métal.
             Selon la théorie corpusculaire de Robert Boyle, par conséquent, la
          calcination des métaux n’était pas ce qui sera appelé plus tard une réac-
          tion chimique, mais c’était une absorption physique.



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