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C’est ce que fit l’alsacien Hieronymus Brunschwig (1450-1512) dans
son Petit livre de la distillation paru en 1500, puis de façon plus large et
systématique dans son Grand livre de la distillation, paru en 1512.
Quelques années plus tard, Giovanni Battista Della Porta (1535-1625)
décrivit en détail les méthodes de distillation des huiles essentielles, et leurs
conditions d’application. Vannoccio Biringuccio da Siena décrivit la chimie
des substances explosives dans son De la pirotechnia. Des manuels ana-
logues étaient publiés en Allemagne, dans le domaine de la minéralogie et
de la métallurgie. On y trouvait une description améliorée des minéraux,
avec une façon ingénieuse de les classer et de les analyser. Ces manuels
incitaient aussi à une utilisation plus rigoureuse de la balance.
Sous cette poussée, naquit une nouvelle typologie de chercheurs, qu'on
pourrait définir comme les premiers technologues chimistes. Ils ne s’occu-
paient peut-être pas encore assez de théorie scientifique, mais ils n'étaient
plus alchimistes, et ils ne spéculaient plus sur les pierres philosophales. Ils
se fiaient en priorité à ce qu’ils observaient et mesuraient. Et ils consta-
taient, par exemple, que les métaux naturels étaient plus nombreux que les
7 métaux décrits par les vieux textes alchimiques.
L’alchimie ne disparut pas pour autant. Elle continua comme mouve-
ment mystique, parfois encore mêlé d’escroqueries, mais elle n’était plus en
mesure d’apporter une contribution suffisante aux besoins culturels et
scientifiques. La chimie se sépara alors de plus en plus de l’alchimie et com-
mença de façon autonome à se structurer comme une science véritable.
Ceci non sans quelques dernières contradictions, puisque Philippus Theo-
phrastus Bombatus von Hohenheim (1493-1541), qui préférait se faire ap-
peler Paracelse, entretenait encore une certaine confusion des genres.
Paracelse, qui contestait la médecine de son temps et les théories de
Galien, avait une solide formation chimique, acquise dans de nouveaux
manuels imprimés de minéralogie et de métallurgie. Mais il croyait encore
un peu à l’alchimie, et même à la transmutation, tout en considérant que le
but principal de cet art ne devait plus être la transformation de métaux en
or, mais la préparation rigoureuse des arcana, c’est-à-dire des médicaments.
Pour obtenir une préparation rigoureuse d’arcana, Paracelse utilisait une
méthode rationnelle : il soumettait à une série de réactions standardisées
un certain nombre de métaux, puis il dissolvait différents sels obtenus en
solutions, qu’il appelait huiles. Il obtint de cette façon trois résultats.
D’abord, il augmenta le nombre des médicaments connus, rapprochant la
iatrochimie de ce qu'on appellera bien plus tard la chimiothérapie.
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